CONFINEMENT OBLIGE, LES FIDÈLES DES TROIS RELIGIONS SE TOURNENT VERS INTERNET POUR RETROUVER UNE VIE SPIRITUELLE

Par Noureddine HASSANI –//

Washington – Depuis plus d’un mois, les lieux de culte comme d’autres établissements communautaires, culturels et économiques aux Etats-Unis sont fermées pour prévenir la propagation du coronavirus, obligeant les fidèles à se tourner vers Internet pour retrouver leur vie spirituelle, chercher des conseils et communier avec les autres membres de la congrégation.

Si les fidèles de toutes les religions sont concernés, les musulmans semblent particulièrement frustrés avec l’avènement du Ramadan, au vu des dimensions religieuse, spirituelle, sociale et même nutritionnelle que revêt le mois sacré pour la communauté musulmane d’Amérique.

En effet, la distanciation sociale et l’isolement vont à l’encontre de l’essence même du Ramadan, qui met l’accent sur la communauté et constitue un moment idoine pour raviver les liens avec la famille et les amis.

Cette année, il n’est malheureusement pas possible de participer aux repas collectifs de rupture de jeûne et de se rendre à la mosquée pour accomplir les prières obligatoires et surérogatoires de la nuit, puisque la quasi-totalité des Américains sont confinés à domicile et n’y sortent que pour un besoin pressant ou pour un travail essentiel.

Conscients des recommandations du Prophète en temps d’épidémie et des enseignements de l’islam qui privilégient la protection de la vie humaine à toute autre considération, les musulmans sont résignés et tentent de s’adapter à la nouvelle donne.

“Comme nous le savons, la protection de la vie humaine est une priorité dans l’Islam”, affirme l’imam Mohmed Magid, de l’association All Dulles Area Muslim society (ADAMS), du nord de la Virginie, l’une des plus actives et les plus larges de la région de la capitale fédérale Washington.

“Par conséquent, nous n’organiserons pas les prières de Tarawih et les prières du vendredi pendant le mois sacré du Ramadan”, a-t-il annoncé lors d’une visioconférence. “C’est, peut-être, une occasion pour nous de nous reconnecter davantage avec Allah au niveau personnel”.

Même son de cloche chez Abde Rahman Murphy, un imam du Texas, qui dit, au magazine Time, regretter “l’excitation et le bonheur” que procure la mosquée. Mais il reconnait que le confinement offre l’opportunité de se tourner vers soi et vivre un “Ramadan introspectif”, en se concentrant sur les prières et la lecture du Coran.

Pour Khalid Latif, un imam qui dirige le Centre islamique de l’Université de New York, bien que les musulmans ne puissent pas prier côte à côte dans les mosquées cette année, il existe encore de nombreuses façons de s’engager avec la communauté, en aidant les membres démunis, notamment ceux qui sont financièrement affectés par le coronavirus.

Pour compenser le manque de contact en personne, de nombreux instituts islamiques ont également intensifié leur programmation en ligne.

Le centre ADAMS organise une série de visioconférences, de prêches et de cours en ligne, y compris ceux destinés à l’instruction des enfants et des jeunes.

Selon l’imam Mohmed Magid, le Centre a même conclu cinq mariage en ligne, via l’application de visioconférence Zoom. Ces opérations concernent des couples ayant déjà suivis des séances de conseil pré-marital auprès du Centre et qui sont déjà connus auprès des dirigeants de l’organisation, explique-t-il.

Pour les chrétiens, hormis d’infimes exceptions, la plupart des églises offrent des services en ligne. Une autre envisage un service de “drive-in”, tandis que le prêtre d’une église catholique du Maryland offre des confessions au volant après l’annulation des messes en raison du virus.

“J’ai eu l’idée lorsque j’ai vu comment on dépiste le coronavirus chez les gens en Corée du Sud, pourquoi ne pas le faire pour les confessions?” déclare le prêtre Scott Holmer à la presse locale. “Je sors dans le parking. Je peux m’asseoir à une distance de six pieds (environ 2 mètres) d’eux alors qu’ils sont dans leur voiture pour me raconter leur confession”, explique-t-il.

Une autre église d’Arundel, près de Washington, propose des rassemblements en drive-in. Le pasteur principal Matt Ousdahl prêche depuis le porche de l’église, pendant que les gens l’écoutent via leurs radios FM.

La situation n’est pas différente pour les juifs. Comme en Islam, l’un des concepts les plus importants du judaïsme est le “pikuach nefesh”, le principe selon lequel la préservation de la vie l’emporte sur presque toutes les autres règles religieuses.

Face au coronavirus et dans un fait inédit, les rabbins, à travers le pays, demandent aux membres de la communauté de ne pas se déplacer aux services du Shabbat afin de ralentir la propagation de la maladie.

Désormais, plusieurs synagogues proposent leurs services en ligne. C’est le cas de la synagogue de Wyomissing en Pennsylvanie qui propose aux fidèles de suivre les services de vendredi soir et samedi matin en direct ou enregistrés sur sa une chaîne Youtube.

En ces moments durs que traverse l’humanité à cause de la peur de la pandémie de Covid-19, la situation devient plus dramatique lorsque les gens ne peuvent pas trouver réconfort et consolation dans les lieux de culte et la communion avec les autres.

Pour beaucoup de fidèles, les solutions innovantes qui respectent les exigences de la distanciation sociale peuvent atténuer cette double solitude, tandis que d’autres voient en cette épreuve une occasion de plus de retrouver la sérénité spirituelle, se rapprocher de Dieu et L’implorer pour lever cette calamité qui s’est abattue sur le monde.

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