A vrai dire: La pêche au creux de la vague

Saoudi El Amalki

De toute évidence, le secteur de la pêche demeure l’une des plaques tournantes de l’économie nationale. L’étendue des côtes méditerranéenne et atlantique du Royaume et la qualité du poisson sont autant d’atouts qui renforcent cette prééminence. Au niveau mondial, la ressource halieutique marocaine demeure une denrée de choix, au point de drainer la clientèle de l’Europe, mais également de Russie, du Japon, de Chine, du Canada, de Scandinavie et d’ailleurs. Toutefois, ce secteur fort huppé devient, hélas, un filon en mal de régénération.

Nombre de déficits, souvent en matière de gouvernance, le tirent vers le bas. Ce secteur de priorité nationale constitue sans doute, un potentiel indéniable, avec un immense aura à base de haute spécificité et devrait, en principe alimenter la demande nationale et étrangère en suffisance, sans verser dans la pénurie et la flambée dans le marché interne. En effet, si ce constat économique s’avère des plus judicieux, la gestion portuaire laisse à désirer à plus d’un titre. A première vue, il convient de dire que l’administration plurielle semble souvent être « obsolète » et nombre de facettes tombent dans l’interférence par rapport aux décisions relatives à cette gestion. Le trafic de poisson en grande quantité, s’effectue dans la pratique « illicite », pour la plupart, au su et au vu des décideurs censés réguler les diverses opérations étapistes.

Le détournement de la ressource bat son plein, à plusieurs niveaux, depuis l’accostage des bateaux sur les quais, jusqu’aux sorties, en passant par la criée et les ponts-bascules. Des barons du commerce poissonnier font la pluie et le beau temps dans l’enceinte des ports, soudoyés par les divers intervenants institutionnels qui en tirent profit, en liquide ou nature. Un grand manque à gagner est constaté en termes de services et de taxes perçues, ce qui afflige les organismes dont le prélèvement se fait à la source. La mauvaise gouvernance prolifère aussi au niveau de l’occupation temporaire et de la répartition des domaines publics maritimes portuaires.

Les incidences fâcheuses de cet état affectent le potentiel socio-économique ainsi que le volet écologique au sein duquel se meut toute cette activité multiforme. En dehors des institutions locales, la responsabilité incombe aux acteurs multiples, intervenant à ces services, chargés de faire respecter les lois en vigueur tant aux quais qu’aux bassins. Les services étatiques sont responsables de cet état préjudiciable de l’environnement par leur laxisme voire leur connivence, surtout au niveau du contrôle des unités de pêche toutes catégories confondues et de visites annuelles des bateaux.

En fait, il n’est pas question seulement de prendre des décisions audacieuses et citoyennes, encore faut-il conditionner le renouvellement des accords de pêche, entrepris dans la douleur, par une large campagne d’assainissement du secteur en mettant en avant de mesures aussi sensibilisante que coercitive. Il va sans dire que cette assise fondamentale d’expansion n’est pas exploitée comme il est de règle, au service du pays et de l’élément humain tant régional que national, à cause des échecs cumulés au niveau des stratégies mises en marche et de la gestion au quotidien des domaines touristique, agricole, maritime de haute acuité. Il va donc falloir repenser ces politiques sectorielles, en favorisant, avant tout, une meilleure gouvernance, axée sur la probité, le savoir-faire et le civisme.

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