A vrai dire : Le fin plaidoyer de Khadija Arouhal
Saoudi El Amalki
Lors de la séance mensuelle d’interpellation, stipulée expressément par la loi suprême, que le chef de gouvernement a, cette fois-ci, sauvée in extremis pour le compte du mois de janvier, la problématique du secteur de la culture fut exhaustivement épluchée. Un bon choix si l’on sait que la question culturelle constitue la clé de voûte de tout essor sociétal, fondé sur l’optimisation de l’élément humain.
Il est bien clair que les décideurs de notre pays avaient, de tout temps, relégué au second plan, cette priorité universelle, compte tenu de l’exiguïté budgétaire que requiert le département de la culture, sous ses divers aspects et, pis encore, de l’apathie dont il est entouré par la conduite quotidienne à sa défaveur dans les politiques publiques. En fait, la dégradation de la culture assène à la société, en particulier la jeunesse, des dérives comportementales conduisant de manière inéluctable, à la sujétion et la dépravation sociales.
A ce propos, l’essayiste français, Albert Camus, se plaisait un jour, de clamer que « tout ce qui dégrade la culture, raccourcit les chemins qui mènent à la servitude ! ». Au cœur de ce débat de haute importance, menée à brides abattues sous la la coupole parlementaire, surgissait une voix impétueuse de la députée Khadija Arouhal du groupe du progrès et du socialisme, en vue de porter un plaidoyer culturel des plus ardents. Durant son apologie tonitruante, elle n’hésitait pas d’évoquer non sans glorification, l’apport incommensurable de feu Aziz Belal, dans son patrimoine indissoluble sur «les facteurs non économiques du développement».
Tout en se félicitant de ce legs immatériel historique de l’un des illustres économistes du pays, elle ne manquait pas de fustiger l’inertie de l’Exécutif par rapport aux métiers d’art et culture dont les opérateurs sont laissés-pour-compte, plus spécialement en ces moments de pandémie. Un réquisitoire fringant sur cette nonchalance dont pâtissent toutes ces franges de la société en matière d’infrastructures culturelles et de pénuries matérielles, au sein des contrées les plus reculées, endommagées par la disparité spatiale. Faisant usage d’un verbe torrentiel à souhait et d’un ton fervent à tout rompre, elle déplore la position préoccupante de la culture nationale dont l’offre productive laisse tant à désirer à travers cette approche déficitaire, au moment où nombre de nations s’ingénient à en faire un réel levier de promotion sociale en PIB, allant jusqu’à 6%.
Etant une passionnée du mouvement amazigh, Khadija Arouhal met le cap sur la culture et la langue de Tamizighte en rappelant l’attachement décennal incrusté dans les positions fondatrices de ce principe, sans verser dans le traitement politicien ni succomber à la tentation opportuniste. Elle tient compte de la nécessité impérieuse de se pencher concrètement sur l’officialisation de la culture amazigh, non pas par des intentions et des prétentions vaines mais des démarches et des actions palpables. A cet effet, elle eut le mérite de réitérer le souhait national de se prononcer en faveur de la fête amazigh et en faire un jour férié et rémunéré. Enfin, elle clôt son magistral dithyrambe par une exhortation en langue amazigh, adressée fermement au chef de l’Exécutif, selon laquelle elle tient à le « convier à s’y prendre pour de bon, sinon, il sera confronté sans répit au sermon ! ». Il y va de l’intérêt de toute une Nation, en mal de la culture.
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