?Netflix et le Maroc..Quels risques pour les salles
Mohammed Bakrim
Le ministre de la culture, de la jeunesse et de la communication a rencontré une délégation de la région Mena de la célèbre plateforme. L’objectif annoncé, promouvoir un contenu marocain, notamment en produits documentaire.
Netflix et le Maroc ? C’est la chronique d’une rencontre annoncée. C’était écrit comme on dit chez nous. Cela circule plus qu’un virus et la contamination est quasi automatique. Pouvait-on y échapper ? Question rhétorique car la révolution est déjà là.
Le paysage cinématographique et audiovisuel mondial est ébranlé par l’arrivée des plateformes et leur fer de lance Netflix. Beaucoup de Marocains font déjà partie des 240 millions d’abonnés que revendique la plateforme mais avec une quasi absence de production marocaine. Le dernier en date est un court métrage de Hicham Lasri…
L’initiative du ministre vise à pallier à cette situation en commençant par un contenu documentaire relatif au patrimoine culturel. Je rappelle que le Nigéria premier producteur mondial de films est omniprésent dans tous les genres prisés par Netflix notamment les séries.
On peut dire d’emblée que c’est une bonne nouvelle pour nos techniciens et nos artistes qui seront appelés à produire du contenu pour cet ogre insatiable. Sauf qu’il ne faut pas se faire trop d’illusions. Le hasard fait que nous en parlons au moment où un grand pays de cinéma (La France) appelle à tirer la sonnette d’alarme face à une situation éloquemment résumé par la Une de Libé France du 5 octobre « Cinéma : la maison brûle et nous regardons Netflix ».
C’est un peu notre cas au moment où le bilan post pandémie indique une situation désastreuse de notre paysage cinématographique : moins de tente salles en activité et à peine plus un demi-million d’entrées…Bref cela devient compliqué au moment où le ministre tente d’asseoir son projet d’équiper 150 centres culturels pour en faire des salles de projection.
Revenir aux salles est une manière d’assurer ses gardes, être présent sur Netflix ne signifie pas accéder à l’universel. La mondialisation prônée par la plateforme est « culturelle » ; elle se développe en réseau et non pas en forme pyramidale avec prépondérance du seul contenu américain. La plateforme défend l’idée-slogan « to be global, be local » avec un contenu diversifié en termes géographiques. Mais l’algorithme qui gère sa programmation est justement trop local : les prochaines productions marocaines seront orientées selon un découpage en zone et seront proposées au public…marocain. Alors beaucoup de bruit pour rien?..
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