Le traumatisme post-électoral

Brahim ZAIM

La défaite cuisante qu’a subie le PJD dans le sillage des récentes élections est révélatrice de plusieurs faits. D’abord, soulignons que l’électorat marocain a envoyé un message franc et sans ambigüité selon lequel le bilan du parti au pouvoir est tellement décevant que bon nombre de citoyens n’ont manqué d’exprimer leur désenchantement à travers le vote sanction sans précédent. La lampe du parti a volé en éclats et tout discours allant dans le sens de la magouille pour expliquer la descente aux enfers du PJD demeure partiel et partial. Car, advenant qu’il y ait certaines entraves dans le déroulement des élections, elles ne peuvent nullement être tenues responsables des résultats obtenus. Bref, l’évidence la plus évidente, c’est que ces résultats sont le miroir, le reflet de l’incompétence et l’absence de leadership au sein du gouvernement.

Pour ma part, je me focaliserai sur une leçon fondamentale à tirer de cette épreuve fatale: le parti qui arbore un référentiel religieux est incompatible avec la pratique politique. Je ne dis pas qu’il n’a pas droit de cité, mais il faut garder à l’esprit que l’essence même du référent religieux ne rime pas du tout avec les règles du jeu politique. En effet, la pratique politique visant la conquête et l’exercice du pouvoir est semblable dans certaines circonstances à la tauromachie. Dit autrement, les protagonistes se livrent une lutte féroce en se permettant parfois des coups bas et le recours au mensonge. Par conséquent, il semble évident que la politique entretient des liaisons dangereuses et sulfureuses avec l’argent et le sexe. À titre d’exemple, rappelons pour ceux qui ont la mémoire courte le fameux épisode érotique entre deux membres d’obédience islamiste épinglés par la police en flagrant délit en 2016. Sans aucun doute, il y aurait moult anecdotes épicées et croustillantes qui ont eu lieu quelque part à l’abri des regards.

Le PJD qui se réclame du référent islamique traverse une phase de traumatisme post-électoral. Les têtes pensantes du parti remuent ciel et terre pour trouver des explications à cette chute. Pourtant la réponse à leur question est toute simple. Pour y répondre, faisons le détour en invoquant la fameuse chanson de Jacques Brel : « ne me quitte pas ». Le chanteur belge chantait : « le rouge et le noir ne s’épousent-ils pas »; de la même façon, le PJD doit égrener le chapelet en chantant « religion et politique ne s’épousent-elles pas ». Bref, la politique et la religion ne se marieront jamais sous peine de commettre l’inceste.


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