A vrai dire : La culture, ce parent pauvre!
Saoudi El Amalki
La décortication des budgets sectoriels apparentés au Projet de Loi de Finance, par les ministres respectifs et les députés des commissions, se poursuit à brides abattues dans l’hémicycle, jusqu’au 17 courant, date du vote en plénière du PLF. On se limiterait à présent, de soulever la problématique de la politique publique de la Culture, parent pauvre du montage financier de tous les Exécutifs, tout au long de l’histoire du Royaume. «C’est peu ce dont on dispose comme fonds d’appui aux industries de la culture. Mais, nous tâcherons de faire de notre mieux afin de joindre les deux bouts, par des compléments ailleurs !», semble déplorer le ministre de tutelle, à charge aussi des secteurs de sport et de communication. En fait, un responsable qui, dès le départ, avoue que le budget n’est guère suffisant pour prétendre se tirer d’affaire, quoiqu’il paraisse se tirer une balle dans le pied, ne saurait éluder la modicité du budget alloué au secteur de la culture. Certes, l’engouement du jeune responsable incite à se surpasser en vue de réussir une mission impossible pour une piètre bagatelle budgétaire ne dépassant nullement les 60 millions de dirhams consacrés au soutien de toutes les prestances culturelles. Ce budget fut réparti comme suit : théâtre 20 000 000 de dhs, musique et arts de chorégraphie 12 000 000 de dhs, livre et édition 11 000 000 de dhs, associations et festivals 9 000 000 de dhs et arts plastiques 8 000 000 de dhs. Cependant, il importe de rappeler dans ce sens, que le dépérissement du budget de la culture ne date pas d’aujourd’hui, car on a toujours estimé que ce secteur n’est ni rentable ni prioritaire par rapport aux urgences à dimension publique. C’est donc un choix ou encore une orientation que de considérer la culture comme un boulet à traîner, sans aucune préoccupation d’« industrialisation » effective de la culture, tel qu’elle est de mise dans les stratégies de refonte de l’élément humain aux bas âges, mise sur orbite au sein des nations avancées. Si l’Etat parrain s’obstine à balayer d’un revers de main dans ses budgets publics, quasiment la trace culturelle destinée à l’identité, au patrimoine, à l’histoire et à l’Homme, le Privé n’en serait pas pour autant, rassuré d’investir dans un volet dont l’exercice lui serait fort aventureux, tout en préférant se débarquer dans le béton, ce qui est plus sûr et avantageux. Ce qui explique en grande partie, le recul du niveau de conscience, de goût et surtout de valeur chez les générations montantes et la prolifération de la délinquance et la débauche. L’essayiste français, Albert Camus disait un jour : « Tout ce qui dégrade la culture, ne fait que raccourcir les chemins menant à la servitude !». Or, il n’y a pas plus cher que l’attachement à la dignité et la liberté pour l’épanouissement d’un peuple. Ces principes vertueux, seul l’ancrage de la culture est en mesure, sous ses divers angles, pourrait en constituer la preuve irréfutable. Mais, il est déplorable de constater que l’Etat, dans ses moutures répétitives, campe encore sur les manies dictées par des soucis «sécuritaires» ou des calculs «macroéconomiques». C’est ainsi qu’on continue à digérer la panne culturelle, des décennies durant, sans avoir l’audace ni la volonté de renverser la formule en replaçant la culture aux avant-postes des priorités. Finalement, on serait bien tombé sur la citation de l’adepte de l’absurde sus mentionné, quand il disait dans son œuvre « la chute » : « Continuer, seulement continuer, voilà ce qui est surhumain ». On ne peut alors continuer à tolérer une chute culturelle, cela ne ferait transcender, en fin de compte que nos capacités humaines !
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