Un phénix renaît de ses décombres
Azulpress – Saoudi El Amalki//
Enfin, Agadir est sauvée de l’omission et de la nonchalance, pendant des années. L’art et la culture furent les derniers des soucis de la cohorte de conseillers qui se sont succédé à l’hôtel de ville durant plus de quatre décennies. Que de ratage des bâtisses dédiées à ce volet vital de la vie des citoyens ! Ni le théâtre de plein air, érigé à l’architecture grecque, mais abandonné au dénuement et l’usure, ni les complexes culturels jetés à leur sort, sans équipement technique approprié, encore moins les maisons des quartiers dont l’objectif de proximité initialement escompté, n’a jamais été atteint pour de négligences assassines. Aujourd’hui, ce douloureux grief n’est plus qu’un vilain souvenir pour des générations de jeunes qui avaient fait de l’art dans de piètres conditions. Tant mieux, la postériorité, à coup sûr, serait beaucoup mieux lotie, avec cette panoplie d’infrastructures qui jonche l’espace artistique de la capitale du Souss. Elle sera sauvée dans l’âme, la cité aussi qui aura à respirer les souffles de l’art dans les convenances optimales, la nation également. Une société saine ne saurait mûrir et s’épanouir, sans se nourrir de l’art à satiété pour affûter les intelligences et conforter les émotions. Fiodor Dostoïevski, l’illustre romancier russe avait brandi cette citation de forte teneur symbolique : « L’art sauvera le monde ! ». Eh oui, ces actes de haute portée culturelle et artistique qui s’opèrent à des cadences tonitruantes sur les sites de la ville, sont en passe de sauver les larges générations futures de la frustration ayant très longtemps miné leurs aînés de naguère. En effet, l’ancien conservatoire de musique qui avait git tel un mastodonte éventré en plein centre-ville, durant presque deux décennies, vient d’être soumis à un bel envol de réanimation, dans le cadre du Programme de Développement Urbain 2020/2024. Le peuple de l’art, sous ses divers aspects admiratif et appréciateur, assista récemment, non sans exultation, au lancement de la reprise des travaux d’achèvement et de réaménagement de la maison des arts. Ce fut un moment de liesse et de jubilation de cette flopée d’acteurs des planches, de pinceaux et de solfège qui, en compagnie du cortège initiateur, conduit par le Wali de la région Souss Massa, sillonnait les compartiments de ce fleuron, en voie de résurrection. « C’était un crime que de laisser moisir ce joyau dans l’obsolescence, pendant une éternité pour des désaccords mesquins ! », disait un dramaturge, présent à la messe du coup d’envoi. « Ce furent des dizaines de milliers d’artistes qui avaient peiné pour donner libre cours à leurs trouvailles créatives dans des lieux idoines. Mais, il n’est jamais trop tard pour bien faire», rétorquait un plasticien se lamentant devant ce gâchis criard. La maison des arts, nouvelle appellation de ce bijou scintillant, est donc le fruit de la convention multipartite entre la Wilaya, le département de la culture, le conseil de la région et la commune territoriale afin de mettre un terme à toute cette désuétude chronique. Une enveloppe budgétaire estimée à 80 millions de dhs dont 30 millions consacrés à l’acquisition de l’armature technique, permettrait à doter la ville d’un ensemble polyvalent pouvant faire rayonner les virtuosités pétillantes de prodigalité et de talent. Après les études approfondies, l’entame de la finition s’accomplira en tenant en compte des normes en adéquation avec les exigences requises sur pas moins de cinq niveaux, en plus de la plateforme souterraine. Une salle amphithéâtre de haute prestance d’acoustique et de commodité vient rehausser cette vista aussi bien technique qu’esthétique. On ne peut alors que complimenter cette initiative de forte symbolique humaine qui fera date dans les annales de cette période de chantiers ouverts sur tous les coins de la ville et dont l’art occupe une place de choix. On ne mentira plus aux populations de la métropole puisqu’on construit et prépare l’avenir avec cran et ténacité. D’autant plus que « l’art n’est pas un mensonge ! », comme disait un grand écrivain français, Gustave Flaubert, l’auteur de l’immortel roman « Madame Bovary ».
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