Troisième Séminaire régional sur la conservation et la restauration de la mégafaune sahélo-saharienne Agadir
Madame la Secrétaire Exécutive de la CMS,
Honorables Délégués des Pays de la région Sahélo Saharienne,
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organismes Internationaux et des Organismes Non Gouvernementaux,
Mesdames et Messieurs,
C’est pour moi un réel plaisir de vous accueillir dans cette belle ville d’Agadir, chef-lieu de la région de Souss-Massa, qui a l’honneur d’abriter les travaux du troisième séminaire régional sur la conservation et la restauration de la mégafaune sahélo-saharienne organisé conjointement par l’Agence Nationale des Eaux et Forêts et le Secrétariat de la Convention sur la Conservation des espèces Migratrices appartenant à la vie Sauvage – la Convention CMS.
Je tiens tout d’abord à exprimer mes vifs remerciements à tous ceux qui ont contribué à l’organisation de cet important séminaire régional, tout comme je les remercie d’avoir porté leur choix, encore une fois, sur la ville d’Agadir qui a eu l’honneur, il y a vingt années de cela, d’abriter les travaux du deuxième séminaire régional sur la conservation et la restauration de la mégafaune sahélo-saharienne.
Je voudrais souhaiter à l’ensemble des participants un agréable séjour dans notre pays et également une réunion riche, fructueuse et productive.
Mesdames et Messieurs,
La conservation et la restauration de la mégafaune sahélo-saharienne sont des enjeux environnementaux cruciaux pour la préservation de la biodiversité dans cette région. La mégafaune sahélo-saharienne comprend des espèces emblématiques où plusieurs espèces sont menacées d’extinction.
L’importance des sujets sur lesquels vous allez échanger durant ces trois jours soulignent encore une fois les enjeux stratégiques de la conservation de la mégafaune sahélo-saharienne et rappellent avec insistance la nécessité de sa conservation et de sa restauration. Les huit espèces de l’Action concertée ont toutes connu un déclin significatif de leur aire de répartition et de leur nombre. Elles sont, toutes, classées comme menacées sur la Liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
La conservation de la mégafaune sahélo-saharienne est essentielle pour maintenir l’équilibre écologique de cette région et pour préserver la diversité biologique. En protégeant ces espèces, nous pouvons également préserver leur habitat naturel et les écosystèmes qui les soutiennent, ce qui peut avoir des effets bénéfiques sur les communautés locales qui dépendent de ces ressources naturelles.
Cependant, la conservation et la restauration de cette mégafaune sont confrontées à de nombreux défis, notamment le braconnage, la perte d’habitat due à la désertification et aux changements climatiques, les conflits et la pauvreté. Pour relever ces défis, il est nécessaire de mobiliser des ressources et des partenariats internationaux pour soutenir les efforts de conservation et de restauration.
Cette rencontre sera, pour vous, une occasion d’échanger et de faire le point sur les différents travaux en cours dans les pays de l’aire de répartition. Il s’agira de capitaliser sur les différentes expériences et expertises, afin d’en tirer les meilleurs modèles et d’identifier les voies et les moyens nécessaires pour la conservation de ces espèces.
Ce 3ème séminaire régional vous permettra également de discuter et d’adopter un plan d’action mis à jour pour la conservation de la mégafaune sahélo-saharienne et de ses habitats.
Mesdames et Messieurs,
Est-il nécessaire de rappeler l’importance de la diversité de la vie sauvage autochtone pour le maintien de l’équilibre biologique des écosystèmes. Malgré l’inscription de la plupart des espèces sauvages menacées d’extinction sur la liste rouge de l’UICN et leur protection stricte par les conventions internationales en la matière, la situation reste préoccupante. Et comme vous le savez, la réintroduction, le maintien et l’entretien de ces espèces, une fois disparues, nécessitent une grande mobilisation et d’importantes ressources budgétaires.
La zone sahélo-saharienne fait partie des régions du monde les plus arides et les plus touchées par le phénomène d’érosion de la diversité biologique où plusieurs espèces d’antilopes sont soit éteintes soit présentant un statut mondial précaire.
Au cours de leur migration, ces espèces traversent des frontières politiques entre les pays. Ces dernières, bien que n’ayant pas de sens pour les animaux, impactent parfois de manière dramatique leurs cycles de vie annuels et leurs chances de survie individuelles en raison des grandes différences qui peuvent exister entre les pays en matière de politique de conservation des espèces.
Pour cette raison, la Convention sur la Conservation des Espèces Migratrices demeure, à l’échelle mondiale, le seul instrument qui se consacre à la conservation de cet important composant de la biodiversité.
Cette Convention, en tant qu’instrument juridique international important pour la protection des espèces migratrices y compris la mégafaune sahélo-saharienne et en tant qu’accord intergouvernemental, constitue un outil précieux pour aider à protéger ces espèces migratrices en fournissant un cadre juridique pour la conservation et la restauration de leurs habitats et en favorisant la coopération internationale entre les pays de la région. En travaillant ensemble, les pays peuvent élaborer des stratégies de conservation et de gestion efficaces pour protéger ces espèces migratrices et leurs habitats.
Cependant, pour que la CMS soit efficace, il est important que tous les pays de la région participent à l’accord et travaillent ensemble pour protéger ces espèces migratrices. Cela nécessite une coopération internationale et une coordination régionale pour mettre en œuvre des mesures de conservation et de gestion durables.
Cette convention fournit également un forum important pour les discussions et les échanges d’informations sur les meilleures pratiques en matière de conservation et de restauration de la mégafaune sahélo-saharienne et d’autres espèces migratrices dans la région. En participant à des séminaires régionaux sur la mégafaune sahélo-saharienne, les pays de la région peuvent partager leurs connaissances et leurs expériences pour mieux protéger ces espèces et leurs habitats.
Mesdames et Messieurs
Pour le Maroc, les espèces migratrices de la faune sauvage constituent une part importante de sa diversité biologique. En effet, la mégafaune sahélo-saharienne est une composante essentielle de l’écosystème du Maroc caractérisé par des paysages arides et semi-arides où la présence de grands mammifères tels que les gazelles et les antilopes est essentielle pour maintenir l’équilibre écologique.
A cet effet, notre pays ne cesse de déployer les efforts nécessaires pour concilier les exigences du développement économique et humain avec le souci permanent de conserver et de protéger sa biodiversité et de réhabiliter les équilibres écologiques des espaces naturels, en adéquation avec les recommandations des conventions internationales en la matière.
Dans ce cadre, le gouvernement marocain a établi plusieurs aires protégées pour la conservation de la biodiversité, notamment le Parc National de Souss-Massa, le Parc National de Toubkal, le Parc National de Talassemtane et le Parc National de Khnifiss. Ces aires protégées offrent un refuge à la mégafaune sahélo-saharienne et permettent de préserver les habitats naturels de ces espèces.
Mesdames et Messieurs,
Notre pays est doté, depuis son lancement par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le 13 février 2020, d’une nouvelle stratégie forestière « Forêts du Maroc 2020-2030 ». Cette stratégie apporte les réponses nécessaires et appropriées pour préserver et restaurer les écosystèmes et pour protéger les espèces menacées d’extinction. Elle constitue pour cela un tournant historique pour le développement et la valorisation des espaces naturels au Maroc.
Dans ce cadre, une véritable politique de réhabilitation des espaces naturels ou semi-naturels a été mise en place, à travers l’aménagement des parcs nationaux et des réserves naturelles. D’importants projets de conservation de ces espèces animales sont mis en œuvre notamment à travers la création d’un réseau de réserves visant à protéger et à récupérer des espèces menacées ou éteintes.
A ce titre, le plan d’action national de conservation des ongulés sauvages constitue un document de référence et un outil de planification et d’orientation qui concrétise la stratégie globale déployée pour toutes ces espèces.
Au cours de ces dernières années, l’Agence Nationale des Eaux et Forêts a procédé à de nombreuses réintroductions de la grande faune, je citerai notamment :
La réintroduction des espèces disparues dans le Sud et le Sud-Est du Maroc tel que l’addax, l’oryx et la gazelle dama mhorr. Ces espèces ont été réintroduites avec succès dans les milieux sahariens où ces espèces ont disparu courant la première moitié du vingtième siècle ;
Le renforcement des populations sauvages du mouflon à manchettes, de la gazelle dorcas et de la gazelle de Cuvier par des lâchers planifiés sur l’aire de distribution historique où ses effectifs ont connu une régression ;
Le développement de populations semi-captives au niveau d’une trentaine de réserves réparties sur tout le territoire national : ce qui permet de disposer de stocks de sécurité pour la préservation des antilopes sahélo-sahariennes.
Parallèlement à ces actions, des mesures ont été mise en place pour sensibiliser la population locale à l’importance de la conservation de la mégafaune sahélo-saharienne à travers des programmes d’éducation et de sensibilisation qui visent à encourager les communautés locales à s’impliquer dans la conservation et la gestion durable de ces espèces.
Mesdames et Messieurs,
Les objectifs assignés à ce 3ème séminaire régional sont d’une importance capitale puisqu’il s’agit d’actualiser le plan d’action pour la conservation de la mégafaune sahélo-saharienne et de ses habitats. Ce document qui n’a pas été révisé depuis près d’une vingtaine d’années apportera sans nul doute les réponses nécessaires pour des actions régionales coordonnées en tenant compte des plans d’action existants et en intégrant les meilleures connaissances disponibles sur l’état de conservation de l’espèce.
La restauration de la mégafaune sahélo-saharienne nécessite une approche holistique qui prend en compte les besoins de l’écosystème dans son ensemble. Cela implique la restauration des habitats naturels, la réintroduction d’espèces clés, la protection contre le braconnage, la sensibilisation de la population locale et la coopération internationale.
En travaillant ensemble, nous pouvons aider à assurer la survie de ces espèces emblématiques et à préserver leur héritage pour les générations futures.
Je suis convaincu que ce séminaire contribuera également à approfondir le débat sur la question de la mégafaune sahélo-saharienne et à envisager non seulement les éléments pour la mise en œuvre des programmes d’action et de leur financement, mais aussi les mécanismes et les outils relatifs à la coopération régionale et internationale.
Je souhaite à ce séminaire et à vos travaux plein succès et vous assure que nous restons attentifs aux recommandations que vos débats ne manqueront pas de dégager. Permettez-moi, pour finir, de remercier, encore une fois, les organisateurs de cette rencontre.
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