Tamazighte et plus de démocratie aussi
El ghazi lakbir
Pétition ou demande, lettre de félicitation ou communiqué, peu importe le nom que nous donnons à l’écrit envoyé par certains Amazighs (associations et personnes) au président du parti du rassemblement national des indépendants et chef nouvellement nommé pour former le gouvernement. Ce qui devrait être clarifié, c’est plutôt le pourquoi de l’écrit et quel impact il aurait sur le sort de la langue et la culture Amazighes dans les jours à venir.
Soulignons tout d’abord que l’acte accompli relève du droit des organisations et personnes concernées et qu’il n’est point question de nous interroger sur le bien-fondé de l’initiative ou de son absurdité, chacun est libre de ses actes et responsable des conséquences qui en découlent. L’adage Amazigh dit bien : « ⴽⵓ ⵜⵉⵅⵙⵉ ⵜⵓⴳⵍ ⵙ ⵓⴹⴰⵕ ⵏⵏⵙ. »
Peu importe à qui ces personnes et ces associations se sont adressées, président du parti ou chef du gouvernement, même si la différence est bien là et que le choix n’est pas fait sans délibération. Parce qu’être à la disposition du président du parti, pour la collaboration disons-nous, c’est être au service du parti, œuvrer pour la réalisation de son agenda. Et puis, l’écrit ne serait-il pas une communication insidieuse d’appartenance affective à l’organisation colombine ? De sympathie au moins ?
Quant à ceux et celles qui ont écrit au chef du gouvernement, serait-il à même d’imposer ses déclarations-convictions aux autres partis du gouvernement ?
Le programme gouvernemental ne serait-il pas commun aux trois partis de la majorité ?
Ne serait-il pas préférable, et plus judicieux de lancer cet appel au mouvement amazigh ?
Partant du fait que le nouveau gouvernement est tripartite; il sera constitué du RNI, PI et PAM et, que les déclarations du PI déjà faites au sujet de la langue et culture amazighes vont à leur encontre, il serait imprudent de répondre favorablement aux questions posées, puisqu’il était le parti noyau du mouvement dit national qui avait planifié l’enterrement de cette même langue. Tous les signataires de l’écrit en question le savent très bien. Est-elle la raison pour laquelle les personnes expéditrices du courrier ont saisi la présidence du parti du rassemblement national des indépendants ?
En outre, le parti de l’Istiqlal changerait-il de discours envers Tamazighte ?
Reverrait-il son idéologie du référentiel panarabisme au profit de Tamazighte ?
Ignorant ce qu’en pensent les émetteurs de la missive, il me semble relever de l’utopie de penser à de tels changements radicaux du moins dans les jours qui viennent!
Tamazighte doit passer avant les personnes et avant les intérêts personnels. La question de l’identité est transgénérationnelle. A ce propos, l’Histoire, nous rappelle que celles et ceux qui se sont sacrifiés pour leur identité sont nombreux, et que celles et ceux qui ont payé cher leur engagement pour cette dernière sont innombrables, mais elle nous souffle également que celles et ceux qui ont instrumentalisé Tamazighte pour leurs fins personnelles ne sont pas non plus peu nombreux. Qui appartient à la première catégorie et qui fait partie de la seconde ? la question demeure sans réponse.
Les écrits précités auraient-ils un impact positif sur l’avenir de Tamazighte ?
La réponse à cette question est plurielle. En politique, les décisions sont prises par rapport à deux paramètres majeures, d’abord les intérêts et puis le rapport de force.
Tamazighte constitue-t-elle un intérêt pour les trois partis qui constituent la majorité ?
Ce dont je suis convaincu, c’est que Tamazighte est une philosophie de vie, c’est un ensemble de valeurs, de principes, de mythes… qui coexistent et interagissent ensemble dans la société pour forger l’état d’esprit amazigh. Le partage des responsabilités, l’alternance au pouvoir, le statut de la femme dans la société et bien d’autres vertus, sont des indices, comme le soulignent les historiens et les anthropologues, que Tamazighte est par essence démocratique. Dans ce sens, la démocratie rendra justice à Tamazighte, la fera vivre et favorisera sa promotion, en dehors d’elle, sa racine se rétrécit et sa tige s’atrophie. A-t-on pensé un instant à la formation et gestion des institutions sociales nord africaines ? Contemplons ensemble cette facilité naturelle avec laquelle un Amghar succède à un autre ? comparons ce moment solennel de joie et d’altruisme avec les instants d’arrachement et de heurt lors de la passation de responsabilité entre un président élu et un autre sortant ?
Les attitudes des uns et des autres ne relèvent-elles pas de la culture démocratique ?
In fine, la démocratie est le terreau dans lequel Tamazighte pousse, elle ne s’épanouit ni même ne survit sans elle.
Pourquoi les auteurs du courrier n’ont-ils pas fait référence à la démocratie pour empêcher certains d’entre nous à soustraire le droit à leurs semblables ?
El ghazi lakbir
Aghbalou le 25-09-2021
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