En présentant aujourd’hui ce film, le ciné-club est dans son élément : rendre hommage à un genre souvent en mal de diffusion ; et au moment où le court métrage semble devenir une pratique facile sous l’effet YouTube, il lui restitue son historicité.
Dans le cadre de son programme célébrant la première année de sa création (mars 2021/mars20022), le ciné-club Nour-Eddine Saïl (Agadir) présente un court métrage relativement inédit au Maroc, Salam de Souad El Bouhati. Il s’agit d’une production franco-marocaine. Sorti en 2000, le film a obtenu un immense succès critique et public.
Il suffit de rappeler qu’il avait décroché de nombreux prix à Clermont Ferrand (le plus important rendez-vous mondial du court métrage) dont celui du Grand prix, du Prix du jury et du prix du meilleur acteur. L’année d’après (2001) il obtient le César du meilleur court métrage. Comment expliquer un tel engouement ?
La nature du sujet, l’immigration, toujours d’actualité y est certainement pour quelque chose. Salam nous raconte, en effet, l’histoire d’Ali, un immigré d’origine marocaine.
Mais bien au-delà la force du film, son originalité résident d’abord dans le regard que porte El Bouhati sur un thème et une problématique. Un thème hyper médiatisé et nourri de clichés ressassés.
Ali, le héros de Salam, appartient à la première génération de l’immigration nord-africaine. Il vit en France depuis quarante ans. Le récit l’aborde au moment où il est en phase de prendre une décision cruciale, celle de rentrer au pays.
Cruciale car elle arrive presque au terme de sa vie. Revoir ce pays vers lequel ses souvenirs lui commandent de retourner. Pour Ali, cette décision de repartir au Maroc avant de mourir est aussi un deuxième départ, un nouvel exil dans une vie déjà marquée par le déracinement.
Il était arrivé animé d’espoir dans une société qui se déclarait prête à l’accueillir et qui n’a su lui proposer qu’une petite chambre dans un foyer et quelques emplois qu’on devine souvent précaires.
L’exemple en est fourni dans une sorte de mise en abyme par un de ses jeunes colocataires, tout heureux d’avoir un contrat de courte durée. Une répétition de l’histoire d’une génération à l’autre.
El Bouhati capte ses moments, ses détails sans verser ni dans le misérabilisme, ni dans le style film social engagé.
Ici, on procède par touches successives où beaucoup de choses sont suggérées, laissées leur évolution dans le hors champ. A l’instar de cette belle scène où on voit Ali empruntant une ruelle, la valise à la main et s’arrêtant devant une pancarte annonçant « chambre à louer ».
Un temps d’hésitation peut-être ou la décision est irréversible. La belle séquence d’ouverture avait placé le récit sous le signe du deuil : Ali et son compagnon viennent à l’aéroport accompagner le cercueil d’un des leurs, rentrant chez lui les pieds en avant.
Le plan de l’avion qui prend son envol suivi de celui d’Ali et son ami regardant ce qui peut être est leur destin. Beaucoup d’émotion émanant d’une mise en scène sobre, économe ; une caméra qui refuse le voyeurisme, pudique même.
En présentant aujourd’hui ce film, le ciné-club est dans son élément : rendre hommage à un genre souvent en mal de diffusion ; et au moment où le court métrage semble devenir une pratique facile sous l’effet YouTube, il lui restitue son historicité.
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