Pour sauvegarder notre identité et préserver notre langue
AZULPRESS - El Ghazi lakbir- Aghbalou / le 05/08/2021
Les symboles identitaires changent en fonction du temps ; ils passent d’une dimension à une autre, d’une figure à une autre tout en ayant toujours le même rôle, celui de la construction et le maintien de l’imaginaire social ; un imaginaire porteur de signification pour soi et pour l’autre. A l’instar de toutes les identités ; Tamazighte, a emprunté le même parcours et connu le même sort. Pour ne citer que les trois dernières phases des changements de leurs symboles identitaires; Imazighen se reconnaissaient d’abord dans la tribu et ses valeurs. En effet, chaque symbole représente un discours à destination de l’individu et du groupe, il est un rappel de remémoration et un appel à la mobilisation. Après une longue période de résistance à des politiques d’anéantissement ou d’arabisation, la tribu s’est finalement atrophiée (voir l’article intitulé : la tribu amazighe et les partis politiques), sa symbolique a par conséquent régressé et a cédé la place à un autre symbole qui est la langue. Imazighen, ceux de la diaspora comme ceux qui vivent toujours au Nord de l’Afrique, se sont fédéré autour de leur langue. A cause du même motif, ce symbole devient à son tour menacé; en effet la langue Amazighe n’est plus protégée puisque l’organisation sociale de tradition amazighe a reculé, aussi le territoire géographique de la langue Tamazighte est-il envahi par la langue arabe acheminée par des facteurs soutenus par la politique ; notamment l’école et les médias ; la télévision en particulier. De jour en jour, la langue Amazighe perd de terrain et voit sa symbolique éteindre. Mais, un autre symbole nait et se substitue doucement à celui de la langue, il s’agit du drapeau amazigh. Effectivement, le drapeau amazigh est l’étendard le plus montré au monde. Pour dire leur identité dans des rassemblements, Imazighen se munissent de cet étendard plusieurs fois révélateur. Il énonce l’africanité des Imazighen et dénonce en même temps leur arabité, il dévoile leur origine et tranche en même temps de leur spécificité, il raconte leur Histoire et les conscientise et les responsabilise en même temps …
Pour ne pas être coupables de trahison, nous avons le devoir de lutter comme nos ancêtres, de résister comme nos parents afin de sauvegarder notre identité, notre culture et notre langue. Sinon, notre génération commettra l’erreur qui n’est jamais commise dans l’Histoire des Imazighen.
La question reste cependant posée: Comment pourrons-nous lutter pour protéger notre langue et culture ? De quelle manière et par quel moyen pourrons-nous faire face aux dangers qui menacent notre identité et notre existence ?
Après l’institutionnalisation de Tamazighte dans trois pays nord africains, en l’occurrence le Maroc en 2011, l’Algérie en 2016 et la Lybie en 2020, les institutions officielles devraient normalement prendre en charge la promotion et le développement de Tamazighte dans toutes ses dimensions ; symbolique, culturelle, linguistique et historique. Mais, il faut le dire avec déception et amertume, Tamazighte est le dernier souci des gouvernements en exercice dans ces pays.
L’attitude de ses gouvernements alourdit énormément la tâche des Imazighen qui s’inquiètent de l’avenir de cette identité, langue et culture plusieurs fois millénaire. Elle les met devant le fait accompli, les contraint à agir en faveur de leur identité et s’engager dans sa défense ou au contraire, se soumettre, courber l’échine et compromettre son avenir.
Pour participer à la conservation de Tamazighte et contribuer activement à sa transmission aux générations futures, plusieurs initiatives peuvent être prises comme par exemples :
- Valoriser tout ce qui est en rapport à Tamazighte, en particulier parler le plus longtemps possible la langue amazighe,
- Ecrire en Tamazighte de préférence en Tifinagh pour sa symbolique, mais Tam3mmriyte peut aussi être utile.
- Cultiver la convergence amazighe aussi bien au niveau linguistique en essayant d’apprendre le lexique d’un autre parler amazigh, ou bien en engageant des discussions inter-amazighs en Tamazighte sur des thèmes variés pour rapprocher les opinions, tisser des liens et répandre la pratique de la langue.
Je lance un appel à toutes et à tous, parlons et écrivons en Tamazighte.
A la maison ou dans la rue, au travail ou en vacances, faisons de Tamazighte l’oxygène que nous respirons.
El Ghazi lakbir- Aghbalou / le 05/08/2021
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