Je t’ai vue à la télé
Et j’ai perdu toute envie
Envie de manger, envie de boire
Envie d’espérer, envie de croire
Envie de sourire, envie de rire
Envie de respirer, envie de vivre
Tu cours comme une folle
Les yeux hagards
Tu cours au hasard
Garée,perdue dans la foule
Emportée par la fumée et la houle
Dis-moi, petite fille
Qui a allumé l’apocalypse?
Les obus, les bombardements
Les cris, les hurlements
La souffrance, le déchirement
L’errance, l’affolement
La peine, les gémissements
Le feu, le sang
La poussière, l’aveuglement
La mort!
Tu cours, petite fille
Dévorée par la ville
Ville flammes, ville cendres
Ville deuil, ville cadavres
Ville linceul,ville désespoir
Ville hôpital, ville cimetière
Ville ambulance, ville barrières
Ville barbelés, ville fils de fer
Ville désert, ville enfer
Ville cercueil, ville tombeau
Ville misère, ville corbeau
Ville ténèbres, ville sarcophage
Ville asphyxie, ville mirage
Ville génocide, ville macabre
Ville folie, ville peur
Ville panique, ville terreur
Dis-moi, petite écolière
Comment le jour devient-il nuit?
Non, la cloche n’a pas sonné
Le cours d’arabe n’est pas fini
Le tableau n’est pas effacé
C’est la sirène d’alarme qui a retenti
Ce sont les obus qui ont rugi
Ce sont les balles qui ont sifflé
Ce sont les bombes qui ont grondé
Ce sont les chacals qui ont hurlé
C’est la mort qui a frappé
C’est l’enfer qui est allumé
Il faut fuir, se cacher
Chercher un abri
Un espoir de survie
Dis-moi, petite fille
Pourquoi cours-tu ainsi?
Peux-tu voler
Survoler cette ville noire
Trouver refuge dans les nuages
Et ne plus avoir peur?
Dis-moi, petite fille
Peux-tu prendre un train
Un bateau, un avion
Un vélo, un camion
Et fuir cet enfer
Aller loin, aller ailleurs
Te réveiller enfin de ce cauchemar?
Dis-moi, petite fille
Peux-tu fermer les yeux
Et rêver d’une vie autre
D’un autre rêve
D’une colombe, d’une oasis
D’un jardin édénique
D’un enfant du paradis
Qui viendra déposer sur ta joue
Un baiser angélique
Qui te prendra par la main
Et te guidera vers demain?
Dis-moi, petite fille
Trouveras-tu encore ta maison à sa place
Ou le cratère d’un obus à sa place?
Trouveras-tu ta mère dans sa cuisine
Ton père rentrant de son usine
Ta grand-mère donnant une sardine
Au chat de la voisine
Ton grand-père jouant aux dames
Avec les vieux du quartier
Ton petit frère jouant à la guerre
Dans la boue et la poussière
Du bidonville?
Dis-moi, petite fille
Trouveras-tu encore ta chambre
Ta poupée
Ton oiseau
Tes jouets
Et l’olivier du verger?
Ou de la fumée noire
Le spectre de la mort
La désolation de la guerre
Et la haine des hommes?
Dis-moi,petite fille
Arriveras-tu chez toi cette fois
Ou trouveras-tu la mort
Au coin de la rue?
Dis-moi, petite fille
As-tu envie de rester en vie
Après tout ce que tu as vu
Juste le temps de devenir mère
Et offrir à ta terre
Un enfant qui la libère?
Dis-moi, petite fille
As-tu peur de mourir?
Non
Tu ne mourras pas ce matin
Ni ce soir, ni cette nuit, ni demain
Tu ne mourras point
Tu es la Palestine de demain
Donne-moi ta main
N’aie pas peur, petite écolière
N’aie pas peur, petite sœur
Tu es plus forte que la mort
Plus puissante que la guerre
Plus patiente que la terre
Plus légère que l’air
Tu es la vie!
Cours, cours
Petite fille!
Tant que battra ton cœur
Palestine vivra
Palestine sera!
Mostafa Houmir.
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