L’univers plastique de Mohamed Sanoussi ne manque jamais de rébus à découdre dans le ravissement extatique. Il imprègne à l’œuvre qui surgit de ses fibres émotives, l’intensité et la vélocité manichéennes, sans nul amalgame. Dès que la toile se dresse face au récepteur, il ne fait pas de doute qu’elle se transforme du non animé en animé dont la vitalité interpelle et communie. Tout en mettant le convive sous haute pression d’adoration, l’ouvrage invite à la béatitude dans ses fins et purs détails, sans la moindre équivoque. En fait, dans l’une de ses sublimes trouvailles, la pomme imposante sous l’œil ravissant trône au bas de la toile, tel un paradigme qui en dirait long. Entre le fruit succulent et l’organe abyssal, salive la bouche charnue. Quelle exactitude, quelle rigueur de transcendance ! Mais, où veut-il en venir, par cette image fascinante ? Pourquoi se focalise-t-il sur la pomme qui pourrait renvoyer à Ève et Adam ou à l’informatique qui a aussi son « Apple » dévoré ? La pomme du péché et du génie ! Sanoussi a donc, le talent d’élargir les polysémies et de diversifier les lectures de ses tableaux pour en créer les débats à distance, hors de la galerie de l’exposition. Il déprécie le fait de s’approprier seul les créations, sans les partager avec autrui, car il estime que l’avis de l’autre compte pour se remettre en question en permanence. Lorsqu’il peint la pomme en sacrilège c’est pour en réprouver la désunion et condamner l’exil. «Pour Adam, le paradis n’était rien sans Ève. La solitude c’est l’enfer», disait une célèbre citation, à ce propos. On est bel et bien, en face d’une toile fort marquée d’abstraction, mais viscéralement parsemée de figuration à la fois dispersée et unifiée, par la virtuosité inventive et l’accomplissement cohérent. Concilier les deux volets distincts et inévitablement liés, n’est pas donné à tout le monde, Sanoussi s’ingénie à se rapprocher davantage de ses invités, à travers l’ondée des couleurs, la rosée des mouvements et la chevauchée du message, au point de hisser l’essai en confident des admirateurs de ses productions artistiques. Sanoussi n’est jamais satisfait de l’œuvre qu’il enfante avec amour et passion, puisqu’il aspire constamment au mieux et au meilleur. Son art est un vivier de recherche et de novation, sans jamais verser dans le figé et l’immuable. Cela fait environs quatre décennies qu’on a le plaisir d’admirer ses œuvres, on n’en est pas rassasié, au même titre que la subtilité du style et la diversité du traitement. « Le monde de l’art n’est pas celui de l’immortalité mais de la métamorphose », disait André Malraux, l’écrivain français a cet égard. Il aura scellé par son ingéniosité avérée tout un parcours prodigieux d’artiste de belles référence et érudition, en direction d’une constellation d’apprenants en tant que maître pédagogue ! Sanoussi s’est fait un splendide serviteur de la galaxie d’art plastique durant toute une vie consacrée à connaître et servir l’homme, en se référant à ce fameux dicton du même André Malraux : « L’art, c’est le plus court chemin de l’homme à l’homme ! ».
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