Louis Blin, Consul Général de France à Agadir : Les aventures fantasmagoriques de Tintin

Saoudi El Amalki

En voilà donc un diplomate acculé en principe, aux contraintes protocolaires de la tâche dont il est communément à charge, qui se payait le luxe de s’interagir, en public sur des échanges au quotidien. En fait, Louis Blin, le nouveau Consul Général de France à Agadir vient sans doute, de relever ce pari avec une pétulance avérée. C’est plutôt un chancelier aux ambles alcyoniens et circonspects qui s’adresse à une imposante assistance pour se consacrer à une réelle navigation sur l’univers abracadabrant de Tintin.

On aurait découvert alors, au-delà de son registre purement «cérémonieux», un plénipotentiaire au grand savoir en littérature illuministe, en scientificité humaniste et enfin en historicité alchimiste. Les aventures Tintin, réunies en bandes dessinées, conçues par le dessinateur et scénariste belge, Georges Rémi dit Hergé, furent l’objet d’ouvrage de l’illustre conférencier aux éditions L’Harmattan sous le titre : Le monde arabe et les albums de Tintin.

De bout en bout, l’auditoire fort conquis par la narration fluide de ces récits aventureux en cavalcade dans les confins moyen-orientaux en Égypte, en Arabie Saoudite, en Palestine et même au Maroc aussi, était saisi par l’effet de psyché occidental sur les contrées arabes.

Cet état de mentalité pourrait sembler complexe et châtiant, sans pour autant, verser dans les traitements acrimonieux, quoique les assauts conflictuels laissent paraître des connotations coloniales. En effet, la ribambelle d’albums dont le premier intitulé : Tintin au pays des Soviets en 1930 alors que l’ultime inachevé au nom de : Tintin de l’Alpha-Art, malgré son air ludique et plaisantin marqué par ce chérubin aux tribulations insolites, dénote une filigrane viscéralement politique ou encore sociétale.

La mentalité européenne envers le monde arabe s’est constamment interprétée en tant que tel par la disproportionnalité vassale marquant leur rapport mutuel.

Une dichotomie que les passages de l’œuvre du Consul Général n’ont guère manqué de subtilité, sans guère tomber dans la complaisance béate, à travers la magie de la vassalité des prestigieuses aventures de Tintin dont les albums sont vendus à plus de 250 millions d’exemplaire, (chiffre de 2019) et traduits dans plus 110 langues et dialectes. A fortiori, l’inspiration serait évidente, toutefois l’usage inventif et talentueux de l’auteur fait auréoler ce legs patrimonial de l’art du conte universel, avec beaucoup de sève et maestria intellectuel.

Autant de magnificences qu’à la fin de sa prestance, une panoplie de réactions eut débité dans cette ambiance guillerette sur l’esplanade, dans laquelle l’orateur a su, avec brio, imprégner ses convives. C’est dire à quel point le consulat, de coutume lieu d’octroi de visas ou autre service consulaire, peut devenir aussi un havre de partage idéel et un oasis de lumière idéale !


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