Sommes-nous tous devenus des adeptes de la philosophie hédoniste attribuée à Aristippe qui prône la recherche du plaisir comme principe qui dun pp nevrait guider la vie?
Il y a longtemps, très longtemps, un célèbre quotidien parisien avait consacré une série de reportages sur le Maroc intitulé « le pays des paradoxes ». Je trouve que le titre n’a jamais cessé d’être opportun pour décrire l’évolution de notre pays. L’évolution est là, les paradoxes demeurent également. D’autres observateurs préfèrent parler de pays à plusieurs vitesses. Le constat est le même ; il prend de l’ampleur en ces périodes particulières quand on prend la route vers le pays profond. Le pays de la soif et des lendemains incertains.
Première image idyllique sur l’autoroute avec les embouteillages, le nombre de 4X4 flambant neuf et les aires de repos qui ne désemplissent pas, de jour comme de nuit. Partout, grandes surfaces, marchés, boutiques…une frénésie de consommation. Le pays, à peine sorti de deux années terribles marquées par une gestion inédite de l’espace social imposée par la pandémie, se livre ainsi à une sorte de catharsis en versant dans des pratiques consuméristes qui frisent parfois l’indécence. Sommes-nous tous devenus des adeptes de la philosophie hédoniste attribuée à Aristippe qui prône la recherche du plaisir comme principe qui devrait guider la vie ?
Je suis plutôt tenté de penser à Pasolini en cette année où le monde du cinéma et des arts célèbrent son centième anniversaire, (né en 1922, décédé en 1975) et qui a si bien décrit une société qui verse dans la consommation effrénée : « Je suis profondément convaincu que le vrai fascisme est ce que les sociologues ont trop gentiment nommé « la société de consommation », définition qui paraît inoffensive et purement indicative. Il n’en est rien. Si l’on observe bien la réalité, et surtout si l’on sait lire dans les objets, le paysage, l’urbanisme et surtout les hommes, on voit que les résultats de cette insouciante société de consommation sont eux-mêmes les résultats d’une dictature, d’un fascisme pur et simple. »
D’autant plus affligeant quand on élargit l’image pour intégrer le contexte général aussi bien du pays que du monde qui ne prête guère à l’optimisme. La crise économique doublée d’une crise écologique devrait pourtant inciter à plus de lucidité et de vigilance. L’Europe, notre voisin immédiat du nord et qui compte nombre de pays riches et puissants vient d’adopter une série de mesures qui versent toutes dans une démarche de sobriété et d’austérité.
Et nous ? Quelle riposte prépare-t-on aux menaces qui pointent à l’horizon dont celle imminente de la crise hydrique ? Tous les indicateurs plaident en faveur d’une nouvelle politique adaptée aux moyens réels de notre pays et en congruence avec le contexte de la crise globale qui est déjà là. Une nouvelle politique qui se décline à travers des mesures publiques d’austérité intelligente qui s’installent dans la durée mais également une réaction citoyenne qui devrait se traduire dans de nouveaux comportements à tous les échelons de la vie sociale. Parler de nouvelle politique c’est un euphémisme pour parler en fait de la nécessité d’une rupture épistémologique, civilisationnelle.
Les foules et les masses ont la mémoire courte. Cela me rappelle la scène finale de La peste d’Albert Camus qui livre un message de mise en garde : « Ecoutant, les cris d’allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée…Il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu’on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt jamais ni ne disparaît jamais ».
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