Aujourd’hui jeudi 21 octobre à 9h45 j’ai déposé au bureau d’ordre de la municipalité de la ville d’Agadir une lettre ouverte à l’intention de Monsieur Aziz Akhennouch, nouveau Maire de la Commune urbaine d’Agadir:
.Aourik A
LETTRE OUVERTE À MONSIEUR AZIZ AKHENNOUCH,
MAIRE DE LA COMMUNE URBAINE D’AGADIR,
PREFECTURE D’AGADIR IDA-OU-TANANE
WILAYA SOUSS MASSA
(2 pages)
Monsieur le Maire, Azul.
Il est de mon devoir en tant que natif d’Agadir et de rescapé du tremblement de terre du 29 février 1960 d’attirer votre attention et bienveillance sur les principaux problèmes qui affectent le bien-être de nos concitoyens et l’identité culturelle de notre ville, connue autrefois comme la «LA PERLE DU SOUSS». Agadir est devenue invivable ! La mauvaise gestion des partis qui ont précédé le vôtre et les associations de tous poils ont fait, depuis 61 ans, plus de mal à Agadir que le séisme ; au point que de nombreux visiteurs nous demandent souvent: « que font les autorités dans cette ville? »
Monsieur le Maire,
Les arnaques et la corruption sévissent à tous les niveaux, et l’anarchie est visible partout : dans les rues, dans les parkings, sur les trottoirs où se trouvent des voitures au détriment des piétons qui se voient obliges d’emprunter la chaussée. Pour les malvoyants, les handicapés en chaise roulante et pour les mamans avec poussettes c’est un vrai calvaire. De plus des dénivelés dangereux s’accumulent au gré des caprices des riverains qui se permettent n’importe quels travaux. On arrache allègrement des bornages pour parquer sa voiture parce qu’on sait qu’il n’y a jamais de contraventions , exemple flagrant dans le nouveau piétonnier de Talborjt. Pourquoi n’y a-t-il pas des agents de quartier qui font des rondes pour verbaliser comme dans n’importe quel pays du monde ? Il est cependant inconcevable de permettre aux repris de justice, le gardiennage des parkings. Les mendiants, de toutes origines, harcèlent les automobilistes dans les ronds points et les croisements, tandis que des femmes mendient envoyant leurs jeunes enfants accoster les clients des restaurants et des cafés. Sur la plage les touristes sont continuellement sollicités, leur donnant un bon prétexte pour eux de rester enfermés dans l’enceinte de leur hôtel, n’apportant ainsi aucun soutien aux commerçants locaux subissant la présence des ambulants qui squattent les devantures de leurs magasins.
Monsieur le Maire,
Allez-vous laisser les autres villes déverser chez vous des hordes de malades mentaux et de drogués dont on ne veut pas ailleurs ? Agadir n’est pas Bouya Omar ! Un autre problème se vit la nuit, les aboiements intempestifs dus à la présence des très nombreuses meutes de chiens dont certains hurlent chaque fois que chantent les muezzins, se battent lorsqu’ils défendent de la nourriture trouvée (parfois des portées de jeunes chats dont les mères en fuite ne peuvent sauver qu’un chaton) ou simplement pour rester maître de leur territoire. Pendant la journée, ils dorment partout au mépris parfois de la circulation, mais dès la nuit tombée, ils sont en éveil car ils ont peur. Dans notre rue, ils se sont déjà attaqués à des passants qui les avaient surpris dans le noir. N’en déplaise à certains, il est possible d’éliminer ces chiens par des méthodes sans douleur.
Monsieur le Maire,
Que dire encore de la crasse omniprésente partout. A quoi sert de payer des taxes d’édilité si les services municipaux ne font pas leur besogne de nettoyer les rues ? Pourquoi notre ville n’est-elle pas organisée pour un entretien quotidien efficace ?
Est-il si difficile d’attribuer à une personne le nettoyage de quelques rues bien déterminées pour un quadrillage complet de toute la ville ? Avec un responsable qui ferait des inspections régulières par surprise, pour constater les négligences. Pour valoriser le travail pénible de ces personnes, pourquoi ne pas récompenser chaque année par une prime substantielle l’ouvrier qui aurait le quartier le plus propre? Là encore, on laisse faire n’importe quoi : les fouilleurs de poubelles éparpillent sans vergogne ce qui ne les intéresse pas autour des conteneurs.
Je peux comprendre combien il est difficile d’organiser le recyclage des déchets lorsqu’on n’a pas à sa portée les usines qui les prennent en charge mais ne serait-ce pas le moment pour y remédier ? Tout au moins faire en sorte que ces déchets soient collectés régulièrement, proprement et organiser des campagnes de sensibilisation au civisme et à la propreté pour toutes les classes de la population. Poser plus de poubelles partout et obliger les gens à s’en servir et verbaliser les récalcitrants.
Vous arrivez à la mairie d’une ville qui est en pleine restructuration avec des travaux gigantesques, nous attendons beaucoup de ces projets pour améliorer l’image d’Agadir, nous nous inquiétons de la finalité du projet de la Kasbah et nous souhaitons ardemment que l’ancien Talborjt trouve enfin une attribution décente en vue de l’élaboration d’un jardin botanique local avec le schéma des rues et des places ainsi que les endroits importants de ce lieu de mémoire. Monsieur le Maire, s’il vous plait ne déplacez pas le port de pêche, c’est le seul poumon économique de la ville, son revenu va directement à la population plus que celui du tourisme qui s’évade à l’étranger.
Vos prédécesseurs nous avaient promis la ceinture verte, 46 ans après, toujours pas de forêt, mais à la place, des constructions en chantiers qui n’en finissent pas de polluer. Les seuls arbres plantés sont des palmiers qui ne créent pas d’ombre, alors qu’il n’y a aucun arganier dans les rues ni dans les jardins publics.
Pourquoi ne pas boiser la montagne d’Agadir n Ighir avec des arganiers mettant ainsi la Kasbah en valeur ? Quant au nom des rues, ils devraient être issus de notre ville, de notre histoire et de notre culture Tamazight. Il n’y a même pas une rue ou une place portant le nom de l’arbre emblématique : l’arganier ou d’une personnalité amazighe de renom.
Monsieur le maire,
C’est aussi en tant que doyen des artistes gadiris et rescapé du tremblement de terre que j’exprime ma grande réprobation concernant la manipulation qui nous a imposé le fameux logo de la ville. Ce logo très agressif, martial et sans chaleur ne représente en rien notre ville qui se veut avant tout balnéaire et riche de sa culture ancestrale.
Ce choix s’avère être aussi un affront aux capacités des artistes gadiris, car le changement de logo était une excellente opportunité pour valoriser la créativité des artistes et des étudiants en arts plastiques de la ville, il aurait pu faire l’objet d’un grand concours où la population aurait pu exprimer son choix sans ambiguïté.
Monsieur le Maire,
Je finirai ma lettre par une requête exprimée au nom de toutes les familles qui ont été impactées par le séisme car
beaucoup d’entre elles n’ont jamais reçu les compensations qui leur étaient dues. Elles ont été spoliées de nombreux biens, et leurs réclamations ont été ignorées depuis. Il est impératif d’en finir une fois pour toute avec cette honteuse situation. Les dossiers autrefois sous le contrôle du haut commissariat à la reconstruction d’Agadir, puis des administrations communales et provinciales ont toujours mis de côté cette épineuse problématique aussi bien sous la bannière du RNI, USFP que du PJD.
Vous qui avez la chance d’être en position de force aussi bien au niveau de l’Etat que de notre ville, nous attendons que vous donniez enfin satisfaction à cette population qui a tellement souffert et qui souffre encore de l’incurie administrative et juridique. La population ignore ce qui fait obstacle et est en attente d’explication.
Notre dernier souhait est que les commémorations du 29 février soient enfin restituées aux personnes directement concernées et que toute manifestation créée en mémoire de ce terrible événement soit entièrement gadirie.
C’est notre mémoire, aucune personne étrangère au séisme n’y a sa place et les opportunistes de tous horizons n’y sont pas les bienvenus. Nous voulons que cet événement soit un moment de partage et de convivialité avec tous ceux qui ont vécu ces terribles moments qui souvent reviennent de loin pour se souvenir avec ceux qui sont restés à Agadir.
Nous ne vous demandons pas la lune, nous attendons de votre élection de rendre à Agadir, toute sa noblesse, sa dignité, son charme bafoués, en pensant à la mémoire de vos chers disparus victimes comme les nôtres, de ce terrible séisme.
Merci Monsieur le Maire d’avoir bien voulu me lire.
Abdallah Aourik
Artiste peintre sculpteur et
éditeur du magazine « Agadir O’flla »
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