Les Marocains, le masque et la culture

Aghbalou :  El Ghazi Lakbir//    

 Effrayés par la survenue soudaine du coronavirus, les humains, rappelant un caractère ancestral, se murent chez eux et quittent la rue. Comme un oiseau, une fourmi, un félin ou tout autre animal qui s’échappe quand il voit s’approcher un danger potentiel, l’Homme prend la fuite et s’isole dans son terrier. Le constat est général et concerne tous les Hommes. Néanmoins, après avoir pris son souffle, l’être humain s’aventure, abandonnant progressivement son logement, et fait face à l’étranger. Emanant de la culture, le comportement du primate devant le virus, n’est plus le même. En effet, chaque culture réagit conformément à sa perception propre, ses variables et ses normes. Ainsi, à l’aune de l’idée faite du risque, les peuples se défendent-ils.

Comment le peuple marocain s’est-il défendu contre cette pandémie ?

Comment peut-on expliquer les attitudes diverses des marocains vis-à-vis du virus ?

Vu la complexité de la société et les vicissitudes de l’Histoire, la culture marocaine est hétéroclite et polymorphe. Des ossements Amazighs, des décombres méditerranéens, des mêlés arabes, des teneurs religieuses …s’y assemblent et édifient un paysage semblable à celui du pays. Des monts très hauts, une multitude de collines, des étendues désertiques, des vallées et falaises … se présentent à la vue de tout observateur. De ce fait, selon l’aire habitée, le Marocain riposte à l’offensive du virus.        

Essayant de généraliser les bonnes pratiques, l’OMS conseille, entre autres, la distanciation et le port d’un masque. Les autorités marocaines, pour participer au combat contre l’ennemi invisible, ne tardent pas à l’imposer dans tout le pays. Contraints, les Marocains essayent, autant que faire se peut, de suivre les préconisations de l’organisation mondiale. Le masque fut nommé « la bavette » en français et « lkmama » en arabe. Le surnom français rappelle le bavoir des bébés et évoque une connotation péjorative. La dénomination arabe, quant à elle, qui découle du champ lexical relatif aux animaux, suscite un sentiment de privation.

C’est une erreur colossale de songer à dissocier l’Homme de sa culture, ils constituent un seul et même système. Elle est devenue sa seconde nature et il ne peut agir ni réfléchir qu’à travers les structures qu’elle lui impose.

Le nom donné au masque montre clairement la conception que les Marocains font de cet outil de protection. Ainsi, sans intégrer le rôle protecteur contre le virus, un adulte garde une bonne distance avec la bavette qui, selon sa représentation, ne protège que les vêtements contre la bave ou les tâches de nourriture.

« lkmama » conçue généralement pour empêcher l’animal, soit d’ouvrir définitivement sa bouche comme pour le chien par exemple, soit de téter le mamelon en phase de sevrage comme pour un poulain qui devrait se nourrir en autonomie. Dans tous les cas le mot « kmama » est une restriction à la liberté.

Peut-on donc expliquer en partie, la réticence des marocains à porter le masque par un effet culturel ?

Ne faut-il pas soutenir la législation par d’autres moyens sociologiques ?

Ne faudrait-il pas choisir au masque (et bien d’autres outils dans d’autres domaines) un nom de portée positive et sanitaire ?

Lui donner par exemple un nom qui émane du patrimoine commun à tous les Marocains sans exception comme le stipule le cinquième article de la dernière constitution du  royaume et qui remémore en même temps la passion et le dévouement puisque porter un masque c’est se protéger et protéger les autres.   


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