Omar AIT SAID //
Écrire n’a jamais été un problème pour Moha, mais il a toujours peur d’écrire et de ne rien dire.Cet embarras d’écriture habite Moha comme une maladie saisonnière.
Moha aime beaucoup la langue de Molière même si elle n’est pas sa langue maternelle. Il veut bien écrire dans cette langue. Toutefois, il a toujours le trac de tomber ou de commettre des fautes impardonnables en orthographe ou conjugaison, surtout que cette langue de Molière parait dès la première fois un peu compliquée car elle englobe beaucoup de temps, trop d’exceptions, pleins d’astuces …..
Aussi Moha connait bien ses collègues, soit ceux qui sont professeurs ou ceux qui sont étudiants.Naturellement,ils ne vont pas rater l’occasion dese moquer de lui si jamais il fait des fautes. C’est comme si cette langue était sacrée et que l’homme n’avait pas droit à l’erreur.
Moha n’a pas honte de son style, il a pris sa plume et une feuille blanche, il déclenche son esprit et fait appel à l’imagination. Il a pensé en amazighe, sa langue mère, langue du cœur, il a raisonné en arabe, sa langue scolaire et il a écrit en français, la languede ses rêves, celle de ses souhaits et celle des marques déposées dans les supermarchés.
Moha enfin sort de sa peur. Il a décidé de commencer par le commencement : c’est la lecture, car pour lui, la lecture, c’est le chemin royal qui mène à la connaissance. Après trois mois, il a entamé l’écriture en français. Pour lui peu importe s’il n’arrive pas à s’exprimer comme il veut,c’est sûr, il ne va pas casser sa canne ni sa tête pour chercher dans des dictionnaires afin de sélectionner des mots bijoux pour se montrer, comme le font déjà beaucoup de ses amis qui font des tentatives d’écriture,ceux qui s’amusent à compliquer leur écriture en utilisant des mots ou du vocabulaire ancestral rare, suranné, tombé en désuétude, des mots du XIXème siècle pour montrer leur talent, mais ils ratent souvent la compréhension de leurs écrits par les lecteurs qui ne cherchent que la simplicité et la limpidité des mots et l’utilité des idées.
Si le grand écrivain Katib Yassine a dit un jour en français “J’ai écrit en français pour dire aux Français que je ne suis pas français ” Moha, lui, il écrit en français pour dire qu’il est tout simplement un oiseau berbère qui porte toutes les couleurs de la tolérance et toute la beauté du monde. Ils’agit d’un péon un magique oiseau qui aime les couleurs et la beauté des mots de toutes les langues.
Moha va écrire sur son village, l’écriture pour lui est un divertissement. Elle est un remède pour les blessures. Elle est un voyage qui dépasse les temps et les lieux. Alors il va écrire sur son enfance, les temps de lajoie et ceux de l’amertume. Son écriture va refléter sa personnalité. Il va nous parler sans doute des champs de roses de sa vallée natale. Il va nous faire rêver par ses descriptions des beaux personnages qui ont marqué sa mémoire, des personnages tels que Lalla Tahburit, AammiOumahdi, Oublahcen et bien d’autres
…Moha va enfin écrire sur son identité amazighe.
Le 01/07/2020 Omar ait said
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