Agadir s’apprête ce week-end à vivre aux rythmes de musiques et de chants ; le ciné-club Nour6eddine Saïl propose à cette occasion une riche programmation sur le thème cinéma et musique ; occasion aussi pour célébrer le retour de la salle Sahara.
Aborder les rapports entre cinéma et musique est une perspective qui peut nous interpeller à différents niveaux :
Historique pour faire la chronologie du rapport cinéma et musique
Dramatique pour interroger les implications de la musique dans l’élaboration du scénario
Sémiotique pour repérer le travail des signes et leur métamorphose dans une élaboration synthétique (image + son) du sens
Mais j’aimerai commencer par préciser que parler de la musique nous situe dans l’extra-cinématographique. La sémiotique nous apprend, en effet, que tout filmique n’est pas cinématographique. Le filmique est plus large que le cinématographique : les dialogues, le gestuel des acteurs, les décors ne sont pas spécifiques au cinéma ; on les retrouve dans le théâtre ; la même chose pour la musique ; on peut même dire que celle-ci rencontre le cinéma sur un terrain commun, celui du temps. Cinéma et musique sont des arts du temps.
Je rappelle que le critique et théoricien italien Ricciotto Canudo avait forgé l’expression Septième art – son livre phare s’intitule « Manifeste des Sept arts »- sur la base de la distinction entre les arts de l’espace et les arts du temps. Reprenant en fait une classification établie par Hegel. Il permet ainsi au cinéma de sortir du simple spectacle forain destiné à la plèbe pour accéder au statut de « septième art ».
Un classement à prendre par ailleurs dans le sens cumulatif et non chronologique.
Une synthèse et non une simple succession.
“Nous avons besoin du Cinéma pour créer l’art total vers lequel tous les autres, depuis toujours, ont tendu » écrit-il.
Dans l’histoire du cinéma, d’un point de vue artistique, cette dimension a souvent revêtu une dimension polémique : comment définir le cinéma comme art et cela ne pouvait être mené qu’en confrontation avec des arts voisins mais plus anciens et bénéficiant d’une légitimité artistique séculaire.
Les théoriciens des avant-gardes du début du XXème siècle envisageaient le cinéma comme un art entièrement nouveau et qui sera à la peinture ce que la musique est à la littérature.
Apollinaire dira dans ce sens « ce sera de la peinture pure de même que la musique est de la littérature pure ».
Le cinéma rencontre la musique sur la voie de l’acquisition de sa légitimité artistique. Les défenseurs acharnés de la pureté du cinéma débarrassé de toute influence extrinsèque convoquait le modèle musical ; la musicalité du film, notamment muet résidant dans ses propres moyens d’expression.
On va même jusqu’à dire que le film est en soi plus musical que la musique d’accompagnement dont on l’affuble. Deux ressorts étaient visés par cette radicalité, l’un pour réfuter toute tentation de mimesis et l’autre pour exemplifier l’abstraction.
L’arrivée du parlant va changer la donne : la musique va être appelée à contribution pour étoffer la bande son…comme elle va continuer à nourrir l’inspiration dramatique des scénaristes.
Pour le premier cas cela va donner des compositeurs mythiques (je cite pour faire vite Maurice Jarre et l’incontournable Ennio Morricone) et des Musiques originales c’est-à-dire faite pour le film qui sont déjà dans le panthéon de la culture contemporaine, si ce n’est de la culture tout court ; des internautes s’amusent d’ailleurs à citer des BO qui sont devenues plus célèbres que le film qui les a portées (Le bon la brute et le truand…).
Pour le second, la musique inspirant des scénarios, la panoplie va être très large, on trouve par exemple :
La comédie musicale qui est devenue un genre quasi mythique ayant contribué à forger l’âge d’or du cinéma hollywoodien : Chantons sous la pluie, West side story
Le film concert : The last Waltz de Martin Scorsese.
Les biopic : des films reprenant la vie ou des moments de la biographie d’un musicien ; je cite deux exemples très différents mais très riches dans leur signification, Amadeus de Milos Forman (1984) et En route pour la gloire de Hal Ashby (1976) qui revient sur quatre années de la vie du chanteur rebelle Woody Guthrie.
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