Mohamed Jamali, est né en 1962 à Agadir au Maroc. Après un long parcours épique dans le maritime, comme Responsable des Opérations on-shore pour les compagnies pétrolières, et représentant de Lloyd’s Agency-London pour le sud du Maroc, il change complètement de cap pour devenir un partisan du développement durable. Il a animé plusieurs séminaires et donné des cours à l’université sur les thématiques liées au développement durable, à l’environnement et au tourisme responsable. Aujourd’hui, il se consacre pleinement à l’écriture de romans et de scénarios, dont plusieurs ont reçu des fonds de soutien pour la production cinématographique tels : « les Enfants des Nuages ; El Ghalia ou la Sagesse des Beydanes… »..Azulpress a fait Cet Interview avec Jamali à l’occasion de l’apparition de son roman LE BUSTE édité chez les éditions LE MANIFESTE à Casablanca
LAHCEN BAKRIM :
- Merci d’avoir accepté notre invitation pour nous parler de votre roman LE BUSTE édité chez les éditions LE MANIFESTE à Casablanca. D’abords, parlez-nous de vous et de votre penchant pour l’écriture ?
MOHAMED JAMALI
- Depuis mon enfance J’avais toujours rêvé de devenir journaliste. Je lisais beaucoup, tout ce qui me tombe entre les mains. Mais c’était surtout les bandes dessinées de mon époque, je me distrayais en lisant les bandes dessinées comme Zembla, Kiwi, mustang, la route de l’ouest, Mister No, Bleck le Roc, Rahan … ces BD me propulsaient dans un monde incroyable et virtuel, que je vivais pleinement et je m’y imaginé moi-même en être le héros et souvent je me berçais de l’idée que c’est moi-même l’auteur car tellement le contenu et l’histoire étaient captivants que je me mettais dans la peau et de l’auteur et celle du héros. Je me délectais à cette époque. Mais ce qui était amusant, c’est que je m’initiais également à dessiner des personnages, vous savez, les personnages avec les petites bulles de dialogues… que j’inventais… avec un plaisir immense. Alors en faisant cela, je m‘estimais que j’allais être bon, que j’allais devenir un bon journaliste, …
LAHCEN BAKRIM :
- C’est un beau rêve d’enfance, comme on en a tous! mais l’avez-vous réalisé ? qu’est-ce qui s’était passé depuis ?
MOHAMED JAMALI
- Un rêve vite oublié malheureusement car, justement, quand on remarque que ces bandes dessinées commençaient à devenir rare, jusqu’à disparaître du marché. Et que même la librairie du quartier qui nous encourageait et nous permettait d’échanger ces ouvrages ou encore de les louer (à 20 centimes à l’époque), fut fermée, alors on ne savait donc plus où aller, on nous laissait à notre soif, la soif de lire, et il n’ y avait plus rien à lire….. Si comme si on vous dit « CESSEZ DE RÊVER !!! ». En conséquence, il fallait donc je me tourne vers l’avenir, mais les choses ont tourné autrement, je dirai même qu’elles ont tourné très mal. Il y a eu cette orientation scolaire, j’étais mal orientée, si j’ose dire, et j’ai donc choisi de poursuive le cycle secondaire dans la branche scientifique. Le rêve du journalisme a cessé depuis.
LAHCEN BAKRIM
- En effet, c’est frustrant de constater qu’il n’y a pas de sources pour se procurer de quoi se nourrir comme lecture de bande dessinée et pourtant, vous êtres maintenant écrivain, et non plus un journaliste comme vous l’aviez souhaité auparavant surtout en vous obligeant à suivre une branche scientifique que vous n’aimiez pas, Comment ça s’est donc passé ce revirement pour devenir auteur et découvrir ce penchant pour l’écriture ?.
MOHAMDE JAMALI
- J’ai découvert cet élan pour l’écriture à travers mon parcours dans le maritime que je n’avais pas choisi comme métier… là encore, on a raison de dire « qu’on ne choisit pas son métier, c’est lui qui nous choisit ». Donc comme il fallait à chaque fois faire des rapports journaliers des missions de prospection, des expertises maritimes… on me demandait souvent de faire un rapport succinct de 2 ou 3 pages… alors, quand je commence à écrire mon soi-disant rapport, je ne m’arrêtais plus et quand j’arrête ma plume, je me retrouve avec une vingtaine ou une trentaine de pages mais pleines de détails et surtout d’infimes détails qu’on peut qualifier d’insignifiants mais qui ont quand-même leurs importances. Car j’adore écrire, surtout je suis accro aux détails. Alors mes commanditaires ou plutôt mes patrons, ne s’en plaignaient pas. Au contraire ça les amusaient. Mais ils estimaient que c’étaient de gros rapports mais ils sont bons.
LAHCEN BAKRIM :
- Vous avez changé alors de cap du maritime pour vous intéresser ensuite à la question du développement durable et de l’environnement. Comment s’est opéré chez-vous cette tendance pour en faire une activité professionnelle ?
MOHAMED JAMALI :
- Je me suis intéressé aux enjeux environnementaux, surtout avec les compagnies d’exploration qui exigeaient dans leurs missions de respecter, au quotidien, le processus de « HEALTH, SAFETY AND ENVIRONEMENT » qui veut dire : (Santé, Sécurité et environnement) Ceci a ensuite forgé mon penchant pour la question environnementale. J’ai donc pris donc un tournant décisif pour changer de cap et de me spécialiser dans ce secteur. Ceci a pris quelques années, que j’ai même enseigné en tant qu’enseignant-vacataire à l’Université IBNOU ZOHR à la FLSH, pendant quelques semestres (2009/2010), les thématiques liées à l’environnement, au développement durable et surtout au tourisme responsable.
LAHCEN BAKRIM :
- C’était surtout sur le tourisme responsable !
MOHAMED JAMALI
- Effectivement, c’était surtout sur le tourisme responsable. Je me suis même investi financièrement dans la co-production d’un film documentaire portant sur le tourisme écoresponsable d’une durée de 27 minutes que j’ai réalisé moi-même et présenté comme thématique avant-première à la première édition du Festival international de documentaire FIDADOC à Agadir. J’avais écrit moi-même les commentaires de narration et ce fût une bonne réussite pour moi. Une première qui a déclenché, ou plutôt, réveillé l’écrivain qui sommeillait et dormait en moi depuis des années. Car la maison de production FAOUZI VISION avec laquelle j’ai coproduit ce film, m’a sollicité pour être leur scénariste dans le cadre de leur production audiovisuelle, et ce, pendant 2 ou 3 saisons pour leur programme de séries documentaires AMOUDDOU. Cela a été un déclic pour retrouver ma plume et j’ai écrit en l’occurrence, quelques scénarios (en docu-fiction) dont deux ont obtenu des fonds de soutien pour la production cinématographique.
LAHCEN BAKRIM :
- Et maintenant que vous êtes un scénariste ! mais également un romancier avec aujourd’hui votre premier roman « LE BUSTE ». Alors ! comment expliquez-vous ce passage du scénariste vers le romancier ?
MOHAMED JAMALI :
- Je suis les deux ! et la vocation du romancier est tout à fait dûe au hasard ! Et c’est justement pour cette raison, que j’ai eu l’idée de ce roman, que j’avais confectionné au départ comme scénario pour une production cinématographique. Quand j’ai fini d’écrire le scénario « LE BUSTE » juste un mois avant le confinement, j’ai ensuite enregistré mes droits d’auteur en France mais je me suis dit qu’il ne fallait pas se leurrer pour courtiser ou approcher une quelconque maison de production car tout le monde était affolé par cette crise « covidienne » si j’ose employer le mot… puisque tout le secteur , et même tous les secteurs confondus, non seulement l’audiovisuel, sont quasiment tous « sinistrés » !! . Alors, je réfléchissais et je me disais, puisque le scénario racontait la vie d’un écrivain, je me disais alors pourquoi ne pas le reconvertir en roman ? l’idée était plus qu’intéressante car ceci allait m’occuper pendant le confinement où certains perdaient la boule à ne rien faire ! Etre occupé certes mais je vous avoue que cela a été très difficile au départ, car d’habitude et en règle générale, on peut faire une adaptation d’un roman pour produire un film, donc un scénario mais jamais le sens inverse. Je ne vous cache pas que ça été très dur pour moi…
LAHCEN BAKRIM :
- En effet, c’est la première fois qu’on entend parler qu’un scénario est adapté au roman. Comment s’est opéré cette reconversion ?
MOHAMED JAMALI :
- C’est en effet une reconversion assez déroutante et très délicate. Vous savez, le scénario met en scène les décors, les personnages, les dialogues avec une suite d’événements scénarisés. En plus c’est toujours écrit au présent de l’indicatif. Tandis qu’un roman, l’auteur est absorbé dans la trame de son récit, du temps employé, de la subtilité et de la magie des mots, il est saisi par son histoire, il est occupé à affiner le commencement, à construire l’intrigue, à développer les scènes et les dialogues, pour parvenir justement à parfaire la fin de son roman. Vous imaginez alors le remue-méninges pour faire une réadaptation du scénario vers le roman ? cela m’a encore pris une année de reconversion. J’ai réussi comme-même l’adaptation car mon avantage est celui d’en être l’auteur pour les deux (scénario et roman).
LAHCEN BAKRIM :
- Parlez-nous justement de votre roman « LE BUSTE » publié chez LES ÉDITIONS LE MANIFESTE À CASABALANCA
MOHAMED JAMALI
- L’histoire LE BUSTE : le personnage principal du roman JAMEL est un écrivain, abattu et démotivé car son manuscrit a été rejeté, il n’a pas pu le publier et sombre alors dans la spirale de la déchéance et plonge dans les abîmes de l’alcool. Sa femme l’a menacé de le quitter, et ne se résout ni à reprendre son écriture, ni à reconquérir sa petite famille. Il se sentait délaissé, rejeté…. Cependant, comme pour se consoler, il n’a plus qu’un interlocuteur dans son bureau ; une statuette représentant la tête et les épaules d’une célébrité antique : le buste de Sénèque…. d’ou le nom « LE BUSTE » … (pour rappel, SÉNÈQUE est un philosophe, dramaturge et homme d’État romain du 1er siècle de notre ère…). Alors, des évènements aussi bien dramatiques qu’extravagants vont carrément bouleverser la vie de notre écrivain déchu. Mais Sera-t-il toujours déchu ? c’est ce qu’on découvrira dans ce roman !
LAHCEN BAKRIM :
- J’ai lu ce roman, il m’a beaucoup plu… d’autant plus qu’il est aussi captivant : drame, fiction, psychologie, philosophie…etc, vous y avez mis tous les ingrédients d’un roman qui promeut la sagesse. Nous pouvons même jusqu’à y percevoir un peu de vous… de votre personnalité ? vous êtes d’accord ?
Mohamed JAMALI
- On peut dire ça ! mais même en tant que fiction, ce roman peut se valoir aussi comme une sorte de guide pour les auteurs et les écrivains en herbe, ou ceux ou celles qui hésitent encore d’écrire ! ou qui redoutent être ou pensent qu’ils sont médiocres. D’ailleurs comme vous pouvez le constater dans la préface de mon oman, j’ai cité une dédicace comme citation du philosophe SENEQUE quand il disait que : « CE N’EST PAS PARCE QUE LES CHOSES SONT DIFFICILES QU’ON N’OSE PAS, C’EST PARCE QU’ON N’OSE PAS QU’ELLES SONT DIFFICILES. Et le roman tourne souvent autour de cette citation.
LAHCEN BAKRIM :
- Une dernière question, pourquoi écrivez-vous ? et pourquoi écrit-on en général ? je parle des auteurs comme vous !
MOHAMED JAMALI :
- D’abords pour être lu et raconter des histoires : Un écrivain écrit en grande partie pour être lu. Ceux qui disent le contraire, il ne faut pas les croire ! Les écrivains écrivent car ils aiment inventer et raconter des histoires. Et c’est là où la notion du lecteur entre en jeu. Pourquoi ? car qui raconte une histoire pense forcément à un lecteur ! D’ailleurs c’est ce que nous faisons maintenant pendant cette interview, n’est-ce pas ? raconter une histoire, mon histoire, et parler également de mon livre et justement pour la simple raison de toucher le lecteur.
LAHCEN BAKRIM :
- Mais encore ? écrire pour raconter n’est sûrement pas la seule motivation de l’auteur ?
MOHAMED JAMALI :
- Vous avez parfaitement raison ! le plaisir d’écrire doit être la motivation première de tout auteur. C’est une occupation saine, noble et intelligente, mais c’est surtout pour « Apprendre à écrire » : un auteur écrit dans le but de s’améliorer. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Vous savez… quand j’ai fini d’écrire mon roman et quand j’ai commencé à relire mon premier jet, j’étais horrifié, alors là ! vraiment épouvanté du constat du nombre d’erreurs et de fautes de grammaires et orthographes… alors, j’ai révisé non pas deux, mais une quatrième fois, relu et corrigé 10 fois, et je reprenais encore pour relire pour la nième fois, et je fini par me convaincre que ça ne finira jamais. Mais je n’ai pas lâché prise car c’est grâce à ces révisions et à ces relectures que je me suis senti que je m’améliore, et que j’apprends vraiment à bien écrire. Et je me dis que mon prochain roman sera meilleur au niveau orthographe et grammaire.
LAHCEN BAKRIM :
- Merci pour cette agréable rencontre, nous espérons vous retrouver la prochaine fois pour un autre projet d’écriture. Très bonne continuation.
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