Azulpress- Publiée chez l’Harmattan, à Paris, la pièce de théâtre « Hors les murs » est inspirée des rencontres de Mounia BELAFIA avec des dizaines d’immigrés dits clandestins… Elle retrace des destins, des chemins et des univers certes différents mais qui se croisent dans la souffrance, la douleur et l’espoir avorté…
Des milliers de Personnes, en chair et en os, ont perdu la vie tandis qu’elles voulaient fuir la misère, les guerres, la répression, les traditions, les idéologies ou cherchaient tout simplement à rejoindre d’autres horizons pour mieux respirer…
Zaytuun… Fartuun… Sadou… Abdel Malek et Nelson, sont la voix de ces milliers qui cherchent à immigrer mais se heurtent à des murs qui ne cessent de se multiplier… Des murs qui leur ôtent l’espoir et même la vie…
Avant de passer dans l’autre monde, ils ont voulu raconter leur vie et laisser des traces. Car « une balle qui atteint un corps traverse toute une vie, tue tant de rêves et d’espoirs, mais elle peut aussi stimuler un récit, faire revivre des souvenirs et faire parler les rêves ».
Dans la page 39 de la pièce, on lit :
« LA CHORALE : (la chorale est constituée d’hommes et de femmes) C’est une photo qui aurait pu passer d’une main à l’autre… Une photo qui pourrait être publiée dans un magazine en couleurs…C’est aussi un tableau qui aurait pu décorer nos salons, être exposé dans une galerie d’arts, trouver sa place dans ces prestigieuses expositions qu’on ne fréquente qu’une fois habillé pour l’occasion… (Un court silence.) Mais ceci n’est pas un tableau qu’on regarde, puis on passe à un autre… Ce n’est ni un papier ni une toile… Ce sont des cœurs qui battent d’un sang aussi chaud que le nôtre…Ce sont des âmes qui refusent d’abdiquer et de renoncer devant tant d’injustice… Si leurs corps se sont figés, leurs âmes refusent de s’éteindre… Ces âmes sont les témoins de ce qui se passe ici et ailleurs… Elles sont les victimes de ces murs qu’on a créés pour en faire des prisons à capturer… Des échafauds à étouffer la respiration… Des guillotines à couper les têtes… Des fabriques de désespoir qui encerclent le rêve de ces milliers qui n’ont pas eu droit à autre chose qu’à rêver… Combien de fois ont-ils cru avoir réussi à échapper à leur sort… À goûter de ce bonheur tant attendu, mais l’illusion s’estompe assez vite, laissant derrière elle déception et amertume… Ce sont les Tantale du siècle… Les damnés de la terre. (Un court silence.) Placé au milieu d’un fleuve et sous des arbres fruitiers, Tantale était rongé par la faim et la soif. Chaque fois qu’il se penchait pour boire, le cours du fleuve s’asséchait. Il tendait sa main pour attraper des feuilles de l’arbre, le vent les emportait loin de lui. Tantale ne pouvait que retenter sa chance à l’infini. Il ne devait pas oublier qu’il risquait de glisser du seul rocher qui le protégeait des ténèbres… (Un court silence.) Tantale, roi légendaire, avait péché aux yeux des Dieux. Zaytuun… Fartuun… Sadou… Abdel Malek et Nelson n’avaient pas d’autres péchés que d’avoir rêvé d’un monde meilleur… »
Mounia BELAFIA est écrivaine et journaliste. Titulaire d’un doctorat en cinéma et audiovisuel de la Sorbonne Nouvelle Paris III et d’un master II, spécialité « Arts de la scène », de Saint-Denis université, Paris 8. Actuellement journaliste à Radio Monte Carlo Doualiya, filiale de France Médias Monde, elle a travaillé pour différents médias de la presse écrite et audiovisuelle, tels que France 24, Alarabiya, Almajalla Magazine.
Elle a reçu le Prix de la presse arabe à Dubaï (2002), et le prix Nazek Lmalaika de la nouvelle à Baghdad, (2012).
Parmi les publications de Mounia BELAFIA, une pièce de théâtre « La fille qui… », Éd. Les Mandarines, France, 2019. Un recueil de nouvelles « Poupée et cercle, Éd. SlaikiI Ikhwan, Tanger, 2016. Deux pièces de théâtre : « Des couples et des masques, Éd. Marsam, 2013, Rabat. Une étude « L’image des femmes dans les proverbes populaires marocains », Éd. Toubkal, Casablanca, 2008.
Syndicaliste et militante associative, elle a été la coprésidente du conseil du genre à la Fédération internationale des journalistes et la vice-présidente de l’Alliance mondiale genre et médias (AMGM) crée par l’UNESCO.
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