Héritages de Taha Balafrej: Les confessions d’un passeur permanent
Mohammed Bakrim
Comment classer le nouvel ouvrage de Taha Balafrej, Héritages (Connect Isdarat, 2022 pour la deuxième édition) ? Des confessions d’un intellectuel revenu de loin ? Une biographie intellectuelle comme le relève Abdelfattah Kilito dans sa préface de l’ouvrage ? Un journal de bord connecté à l’esprit du temps ? Héritages est tout cela et un peu plus. En somme, Balafrej nous propose un essai qui est une invitation au voyage avec des repères et des escales soigneusement sélectionnés pour les inscrire dans une finalité claire et précise. Finalité qui est elle-même l’émanation d’un projet. Une finalité pédagogique. Un projet humaniste. Porter un message d’espoir aux jeunes (j’ai envie de dire de 7 à 77 ans : le texte lui-même en effet est très jeune).
Un projet humaniste car l’auteur est un profond humaniste ; fidèle en cela aux multiples leçons tirées de ses voyages et de ses lectures. Certes, il y a bien une grande variété et une riche diversité dans les supports (re)visités) mais il n’en demeure pas moins que le livre est la star de ce récit vivant et captivant. C’est une véritable bibliothèque qu’il nous fait visiter et…aimer.
Tout cela est abordé à partir d’un point de vue qui n’hésite pas à se livrer. A s’auto-analyser. A commencer par le nom qu’il porte. On apprend ainsi que si le prénom est la conséquence des choix littéraires du père, un grand lecteur de Taha Hossein au point d’appeler son fils Taha, ce qui n’est pas le cas du nom de famille qui a demandé des recherches ardues pour finalement retrouver ses origines chez des ancêtres andalous !
J’ai déjà parlé de la forme « jeune » de l’exposé. Balafrej aime présenter son livre comme une série avec des épisodes (et cela se clôt avec un bonus comme un DVD) ; je préfère parler pour ma part de séquences (il y en a 22) découpées en scènes et en inserts. La belle trouvaille est la transition entre les scènes qui se fait avec une grande fluidité, sans rupture brutale, comme dans un fondu enchainé du cinéma : la transition s’opère quand l’image 1 disparaît progressivement au profit de l’image 2. On passe ainsi de Kilito à Hegel ; ou encore de Laroui à Maxime Rodinson et au prophète Mohammed ; ou la meilleure : de Brecht et sa mère courage, à la mère de Camus et enfin à la propre mère de l’auteur. Un hommage pour toutes nos mères.
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