Goodbye Julia de Mohamed Kordofani..La décomposition d’un couple, la partition d’un pays

  • Mohammed Bakrim

Le Soudan n’est pas ce à quoi le réduit la médiasphère dominanate ; c’est-à-dire des  images d’un autre temps ; d’une guerre civile l’autre ; d’un intégrisme à l’autre.

Non, cet immense pays au cœur de l’Afrique jouit d’une réelle  profondeur hstorique et culturelle qui explique en grande partie pour quoi il a été / il est l’objet de diverses actions de destabilisation. Jouissant d’une position géographique stratétgique, doté d’immenses richesses, il était destiné, entre autres, à être le panier alimentaire de toute la région et bien au-delà. Il n’en est rien hélas. 

Une histoire douloureuse et souvent tragique qui n’a pas manqué de nourrir la production imaginaire dans ses diffrentes formes d’expression. Même si le pays a souffre à ce niveau de la proximité avec un grand pourvoyeur de production en la matière, à savoir l’Egypte mais qui a  aussi fonctionné comme tremplin pour l’émergence de grands talents soudanais.

Le  pays du Nil blanc est le pays de grands poètes, de grans romanciers, de grands chanteurs, de peintres et sculpteurs…Le Soudan est le pays de grands intellectuels, un vrai mouvement syndical, de grandes figures féminines… qui ont gravité autour du parti communiste soudanais, l’un des plus authentiques et des plus puissants d’Afrique.

Le cinéma a été cependant le parent pauvre de cette dynamique ; il ne pouvait en être autrement avec l’Egypte à côté. Les Soudanais sont friands de cinéma (66 salles à Khartoum à une certaine époque). Des tentatives d’un cinéma local ont vu le jour notamment vers la fin des années 1940. Une figure historique est à citer JadAllah Jubara (1920-2008). J’ai eu l’honneur de le rencontrer Johannesburg (Afrique du sud) quelques temps à peine avant son décès.

Il était non-voyant mais il avait tenu à continuer à travailler. Il était sur un projet intitulé Les misérables, premier long métrage peut-être d’un non voyant. Il était accompagné de sa fille Sara. Avec son frère, ils ont monté un projet de sauvegarde de toutes les images léguées par le défunt : des douments sur le soudan et les mutations qu’il a traversées. 

Même si les soubresauts de l’histoire ont fait que cette  tradition est en perdition, le cinéma soudanis retrouve cet élan cinéphile et culturel avec les jeunes cinéstes de la diaspora. Le premier coup d’éclat fut « Talking about trees » de Suhaib Gasemelbari (2019), un magnfique documentaire sur l’action de jeunes cinéastes soudanais de retrour à leur pays pour fonder un groupement au services du cinéma.

Et puis il y a eu le phénomène Tu mourras à vingt ans de Amjad Aboualala (2020), sélectionné aux Oscars, programmé sur Netflix, un conte mystique sur le jeu de la vie, de l’amour et de la mort et où le cinéma est omniprésent comme une vestige du passé (le vieux reclus, gardien d’un temple cinéphile dans sa cabane).  

Goodbye Julia de Mohamed Kordofani (2023) s’inscrit dans cette dynamique. Avec brio. Je l’avais raté à Marrakech (FIFM) où il était programmé dans une section parallèle. J’étais séduit (et intrigué) par le joli titre du film.

Un ami grand cinéphile (Mohamed Beyoud) m’en avait dit du bien. Je le déciuvre aujourd’hui et je ne suis pas déçu. Loin de là.  C’est un vrai moment de cinéma. Intelligent, beau et pertinent. Kordofani a abordé une dimension insolite de la tragédie soudanaise qui, je l’avoue, était pour nous inconnue ; à savoir que derrière ces images de guerre, il y avait d’autres formes de souffrances dans le quotidien des gens, plus tacites mains néanmoins aussi terribles.

Celles des victime non seulement de régimes dictatoriaux mais pire encore de la discrimintaion raciale. Il n’était pas facile d’être noir à Khartoum ! A ma connaissance, c’est le premier film issu de la sphère atabo-musulmane qui brise ce tabou. Et il le fait dans les règles de l’art.

La séquence d’ouverture dessine des pistes dans ce sens où la démarche de l’auteur est distillée à travers la multiplication des signes iconiques, culturels qui ouvrent tout un horizon de lecture. Un indice nous informe que nous sommes à Khartoum au mois d’aout 2005.

Ce n’est pas anodin : c’est une date charnière dans l’histoire du Soudan moderne. On est à la veille du réferendum sur le devenir du Sud Soudan. La belle trouvaille dramatique du film est d’avoir mené en parallèle le destin d’un couple, celui de Mona et Akram et le destin d’un pays, le Soudan avant sa partition.

D’emblée on est dans une situation d’imapsse : on découvre Mouna dans sa cuisine. Une maison de la petite bourgeoisie urbaine. Décor et installation baroque voire kitsch (le portarit peint accroché au mur). Mouna prépare le petit déjeuner mais en même temps s’informe sur un concert de jazz.

En fait, c’est une anncienne chanteuse qui a renoncé à une carrière prometteuse pour obéir à son mari issu d’un mileu conservateur. Tout commence déjà sous le signe de l’échec : la jeune femme rate le plat qu’elle prépare.

Elle est en fait enfermée : multiplication des plans saturés de lignes, de surcadrages…Même quand elle est dans le balcon, on la voit de dehors, derrière des barreaux ; quand elle sort,  on la voit toujours en plans serrés. 

Un autre signe révélateur : le couple est stérile. Magnifique métaphore d’une société acculée à un blocage historique. Le film croise ce microcosme d’une frange de la bourgeoisie soudaniase avec des personnages issus de la marge sociale et ethnique.

La consistance dramatique du film apparait aussi à ce niveau : la confrontation n’est pas seulement ethnique mais elle a aussi une dimension de classe.

Par un croisment de destin tragique, au moment où elle revient de son médecin traitant la question de la fécondité, elle heurte un enfant noir de la communaiuté du Sud Soudan.

Affolée, elle s’enfuit et appelle son mari. Le père de l’enfant la poursuit en moto ; il est abattu par le mari de Mouna croyant à une agression. Se sentant coupbale, Mouna cherche à réparer le mal qu’elle a provoqué. Elle engage la mère de l’enfant, Julia. 

Le récit développe ici une structure à la Hitchcock : qui sait quoi. Est-ce que Julia sait que c’est Mouna qui a provoqué la mort de son mari ? Est-ce que Akram sait que Julia est l’épouse de l’homme qu’il a abattu devant sa villa?

Est-ce que Mouna sait que Juila sait que c’est elle la coupable ? « Pouquoi tu mens tout le temps ? » demande Julia à Mouna.  « Parce que la vérité blesse parfois » répond Mouna.

Toute une réflexion sur le mensonge et la vérité est développée dans un jeu subtile loin de toute surcharge esthétique ou dramatique.

  Le jeu des comédiens est au diapaoson de ce choix ; un jeu dépouillé, suggestif où le silence est réhabilité au service de la tension qui règne dans le plan émanant du la composition et du jeu de lumière et de l’ombre.

Il y a beaucoup d’ombre en fait dans le cadre pour laisser au spectateur des espaces qu’il peur lui-même combler.


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