Etude : Les enjeux de l’entrepreneuriat social au Maroc

L’entrepreneurial social est plus indispensable que jamais, c’est le constat que font les auteurs du Policy Paper intitulé «Entrepreneuriat social au Maroc, Algérie et Tunisie : challenges et perspectives post-Covid » réalisé en partenariat entre le Centre Marocain pour l’Innovation et l’Entrepreneuriat Social et l’UNESCO Maghreb.

Cette publication met en lumière l’état des lieux des écosystèmes d’entrepreneuriat social au Maroc, Algérie et Tunisie et identifie les challenges et défis relevés par les entrepreneurs sociaux et les structures d’appui notamment pendant la pandémie.

Le Policy Paper revient sur la chronologie de l’entrepreneuriat social au Maroc, et précise que les premières prémisses de la dynamique d’entreprenariat social au Maroc sont nées au milieu des années 2000, notamment avec l’implémentation d’Enactus (ex SIFE) en 2004. L’adhésion des jeunes étudiants marocains à cette ONG a éveillé la fibre entrepreneuriale chez eux, et ça a surtout confirmé leur orientation vers un secteur au service de l’intérêt général.

A partir de 2010, plusieurs événements notables ont marqué la scène marocaine, tel que l’implémentation de la GSVC: la Gobal Social Venture Competition, la création du Moroccan Center of Innovation and Social Entrepreneurship (MCISE) et le Centre Marocain des Études et Recherches sur l’Entreprises Sociale (CMERES) en 2012, ainsi que l’organisation de la première journée d’étude sur le thème d’entrepreneuriat social au niveau national.

L’année 2013 a été marquée par l’organisation des premiers colloques scientifiques internationaux traitant des questions relatives à l’entrepreneuriat social. L’année 2014, quant à elle, a connu la réalisation de la 1ère étude à l’échelle nationale en partenariat avec le MCISE, Social Entreprise UK et la Banque Mondiale et 2015 a noté l’évènement majeur du lancement des incubateurs d’entreprises sociales : Dare Inc, Bidaya et Impact Lab.

La dynamique a pris de la légitimité suite au discours royal du 20 Aout 2018, Sa Majesté le Roi Mohamed IV met en avant l’entreprise sociale en tant que mécanisme de création d’emploi et l’une des solutions pour remédier au phénomène de fuite des cerveaux, un fléau qui ne cesse de menacer le pays et ses jeunes en l’absence d’un climat favorable à la vie active, à la promotion professionnelle, à l’innovation et à la recherche scientifique.

Ensuite, le Maroc a fait en 2019, l’objet de deux projets internationaux d’études comparatives : Le projet ICSEM3, section Maroc, dont les résultats ont été présentés lors de la 7ème conférence internationale du réseau EMES4 ; et MedUp ! Project qui couvre la région MENA et consiste en un mapping des structures d’appui à l’entrepreneuriat social et un « needs assessment » de ces dernières et des entrepreneurs sociaux.

Des défis d’ordre légal, financier, et culturel.

Le Policy Paper souligne que les défis relevés par les entrepreneurs sociaux et les structures d’appui s’avèrent globalement similaires en période de crise et en temps normal. Malgré les différences en termes de maturité des écosystèmes d’entrepreneuriat social au Maroc, Algérie et Tunisie, plusieurs similitudes les font converger, de par le contexte social, culturel, économique et politique commun.

Ces défis sont d’ordre légal, réglementaire, financier, humain et culturel. En tête de liste: L’absence d’un statut juridique qui représente fidèlement l’entreprise sociale, malgré l’existence des lois régissant le secteur d’ESS au Maroc, en Algérie et en Tunisie elle reste abordée avec des textes qui ne reflètent pas la réalité du terrain.

Concernant le financement, le Policy Paper attire l’attention sur le manque de financement pour le « scaling up » des startups. En effet, selon les auteurs, il a été relevé à maintes reprises le manque de programme de financement pour le scalling up des startups sociales.

A cela s’ajoute l’absence de mécanismes de financement en période de crise dédiés aux entrepreneurs sociaux, afin de faire face à la baisse de la demande étrangère liée à des secteurs tel que le tourisme, et stimuler la demande intérieure. Il est à noter que pendant la crise Covid 19, certains bailleurs de fonds se sont mis à retirer les budgets destinés à certains secteurs pour exiger aux entrepreneurs sociaux de les réorienter vers des actions caritatives et humanitaires.

L’entrepreneur social fait également face à des défis humains et culturels notamment face à des parties prenantes faiblement convaincues de la résolution de problématiques sociétales par l’innovation entrepreneuriale. Cette situation peut mener certains entrepreneurs à dériver de leur mission de base pour présenter des business models satisfaisant les exigences des bailleurs de fonds ou des structures d’appui en général, surtout dans un contexte de crise marqué par des restrictions budgétaires.


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