Ciné-club : Les Oscars 2021 ..Une chinoise à Hollywood
AZULPRESS – Mohammed Bakrim //
Au-delà de la liste des films primés, la cérémonie des Oscars 2021 offre dans sa configuration générale une idée de l’état du monde et du cinéma. Premier constat révélateur : l’audience télévisée. La soirée des Oscars est traditionnellement vécue comme événement médiatique majeur de l’année, ce ne fut pas le cas, cette fois. Pour de nombreux observateurs, la 93ème soirée fut un flop historique.
L’année dernière déjà, ce n’était pas dans la tradition des succès de jadis. C’est déjà le premier indicateur sur le rapport des gens avec l’ambiance installée par la pandémie. Le rapport des gens au cinéma est en train de changer. Hollywood avait l’habitude de vivre un paradoxe : pendant les pires moments de la société, exemple la croise de 1929, les salles connaissaient de grandes affluences et les industries de spectacle ne connaissaient pas la crise. Aujourd’hui, nous sommes certainement de vivre l’arrivée d’un nouveau paradigme. La fermeture des salles de cinéma, l’annulation et la réduction des activités autour des films ont crée un nouveau contexte exacerbé par le repli domestique pour la consommation des films.
Outre cette dimension anthropologique qui annonce pour le cinéma comme pratique sociale des lendemains aux contours indécis, la soirée des Oscars reste fondamentalement un révélateur politique, culturel et esthétique des tendances profondes qui marquent l’industrie de l’imaginaire. Globalement, on peut dire que le déroulé de la cérémonie, son protocole général, le palmarès lui-même indiquent un nouveau positionnement de Hollywood. Les années Trump, l’affaire George Floyd… le mouvement MeToo sont passés par là. On n’hésite pas à dire que la cérémonie est portée par une démarche du politiquement correct.
Dans une nouvelle Amérique dont la vice-présidente est issue des minorités invisibles, le cinéma, traditionnellement influencé par le progressisme, ne pouvait qu’être au diapason de cette nouvelle ère. Les femmes, les noirs, et autres minorités culturelles et/ou ethniques ont eu leur soirée de gloire. Et cela ne manque pas aussi de saveur comme avec le cas du triomphe de Chloé Zhaoe et son film Nomadland : meilleure réalisatrice, meilleur film et meilleure comédienne Frances McDormand. Voici en effet une cinéaste d’origine chinoise, figure montante du cinéma indépendant et qui triomphe à Hollywood, dans le temple de l’industrie du cinéma.
Et qui aborde de surcroit une thématique sociale forte, celle des ravages subies par les classes moyennes suite à la crise du capitalisme de 2008. La Chine décriée comme pays d’origine du virus donne à l’Amérique de nouveaux talents et qui sont déjà en situation de décrypter son mal profond par le biais du cinéma. Zhao a vécu toute son enfance en Chine qu’elle quitte à l’âge de 15 ans. Et c’est raconte-elle – en visionnant des films américains à Pékin qu’elle a eu envie de changer d’air « Hollywood m’a sauvé la vie, elle m’a permis de rêver ! ». Voilà Hollywood qui lui rend la politesse !
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