Ciné-club : Le scénario…une culture et une technique

AZULPRESS – Mohammed Bakrim //

 Au Maroc, il y a le métier de cinéaste mais il n’y a pas celui de scénariste. La demande n’en continue pas moins de se développer proportionnellement à l’existence d’une véritable production dramatique cinéma, télévision (le ramadan est le mois des scénaristes !). La demande crée l’offre en somme. En attendant des jours meilleurs

Il n’y a pas, en effet, de recettes miracles à ce niveau. Il y a indéniablement un facteur essentiel, le temps. L’existence d’une pratique scénaristique sera une affaire de maturité. Il ne faut pas se leurrer : un scénariste n’est pas le lauréat d’une université, d’une académie d’écriture, d’un atelier d’initiation. Il est le produit d’une culture, d’un environnement. Il est difficile pour un pays qui n’a pas de pratiques théâtrales, romanesques, picturales et cinématographiques de voir émerger des scénaristes. Mais ce n’est pas une raison de ne rien faire. En la matière aussi la volonté est un formidable carburant. La littérature n’a pas de frontières et l’écriture dramatique est un héritage universel. Un dramaturge marocain se forme aussi en se confrontant d’abord à la grande tradition d’écriture dramatique qui remonte à Aristote et ne s’arrête pas aux seuls romanciers de la langue d’écriture. Les traductions mettent à la disposition de chacun un formidable trésor en matière de fiction.

C’est notre postulat de base : l’écriture du scénario est une affaire de culture, vient ensuite la technique. Celle-ci aujourd’hui fortement disponible sous forme de manuels ou carrément de logiciels d’écriture. C’est le conseil que je n’arrête pas de réitérer aux jeunes scénaristes qui se confrontent pour la première fois à l’écriture de leur premier script : libérez-vous de l’angoisse technique ! Le découpage se fera à un stade ultérieur avec la personne idoine, compétente pour le faire. Commencez d’abord par cerner votre sujet puis donnez-lui un corps dans une belle histoire. Celle-ci ne vient pas comme une simple anecdote, elle obéit à un traitement, à une progression.

Quand on tient son idée ; quand on a une histoire qui va la porter, on passe ensuite à un équilibrage de l’écriture qui obéit à des règles séculaires illustrées par ce que l’on appelle le paradigme hollywoodien, en fait universel, celui des trois parties ou la loi des trois actes : la situation initiale, le conflit et la situation finale. C’est une affaire de dosage. Le premier acte est aussi important que le conflit et la résolution ; non seulement il donne les informations utiles à l’adhésion du récepteur mais il place les ingrédients du développement futur. D’où l’intérêt qu’il faut accorder aux vingt premières pages au moment de l’écriture. Elles sont le lieu de l’exposition et s’achèvent sur le premier incident déclencheur, le premier rebondissement qui m’informe que quelque chose arrive.


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