AZULPRESS – Mohammed Bakrim //
Le Centre cinématographique marocain persiste et signe : il tient en effet à son rendez-vous annuel, celui de la présentation du bilan de l’année cinématographique écoulée. Y compris donc pour cette année 2020, « une année terrible » pour paraphraser Victor Hugo. Un acte de résilience face à la pandémie qui avait bousculé les calendriers et les agendas, brisant des espoirs emportant des vies. Oui, publier un bilan d’une année très particulière est en soi un bilan positif, au-delà des chiffres et des statistiques. Le geste vaut d’abord comme symbole. Il est chargé de sens et d’abord pour signifier que « la vie continue ». La référence au film de Abbas Kiarostami, Et la vie continue…(Iran, 1992) ne relève pas de la simple rhétorique. Le récit du film n’est pas sans rappeler, d’un point de vue métaphorique, l’état du monde avec la pandémie. En 1990, un tremblement de terre avait dévasté le nord de l’Iran. Un cinéaste et son fils font le voyage en voiture pour voir le monde d’après le tremblement de terre ; ils sont notamment à la recherche des acteurs du précédent film du cinéaste. Que sont-ils devenus ? Nous aussi on s’interroge : que devient le monde après la pandémie ?
D’une catastrophe l’autre. Là un tremblement de terre, ici une pandémie qui a crée un contexte inédit. Quel cinéma avec la pandémie ? Le premier constat que l’on peut tirer du bilan annuel du CCM est que la profession a tenu bon ; envoyant des signes de résistance, défendant la continuité des services et la permanence du désir de cinéma. C’est ainsi que la machine a continué à tourner, à un rythme inédit, celui imposé par le virus. Sur plusieurs aspects, la vie du cinéma continue : des autorisations de tournage, des cartes professionnelles, des visas de sortie…bref, on peut parler d’une nouvelle économie politique adaptée aux circonstances. Mais la crise est là bien sûr. Et les chiffres du CCM pour 2020, en sont une illustration. On peut cependant souligner d’emblée que pour certains chapitres de l’industrie, on peut parler de certaines tendances lourdes de la crise que la pandémie n’a fait qu’accentuer davantage. Je parle du chapitre concernant l’exploitation (le nombre de salles et le nombre des entrées). Des chiffres par contre expriment davantage un effet Corona : le meilleur exemple est celui des productions internationales qui font la fierté de l’industrie du cinéma au Maroc. Ici, la crise pandémique a frappé fort avec une baisse du chiffre d’affaires de près de 80% par rapport à l’exercice 2019.
Le nombre de sortie a été ramené à une soixantaine de films, l’activité a ce niveau a été stoppée nette dès le mois de mars 2020. Les premiers chiffres de l’année pour l’exploitation étaient de bon augure pour les films marocains notamment. Si pour l’ensemble de l’année 2020, le nombre des entrées est près de 500 000 spectateurs (25% de l’année précédente), les mois de janvier et de février avaient enregistré des chiffres intéressants avec respectivement 146 000 et 268 000. Le nombre de salles en activité continue sa baisse vertigineuse avec 27 salles sur l’ensemble du pays (en fait sur neuf villes).
Mais le bilan du CCM apporte un autre chiffre révélateur, celui du streaming. Le site du CCM avait adopté une politique répondant aux vœux des cinéphiles en programmant une série de projections de films, longs et courts, des classiques, y compris des nouvelles productions initiées, à l’occasion, par le CCM ; près de 1 130 000 personnes ont suivi ce programme ; signifiant ainsi que la réception du film est passée de la salle au salon. Une autre tendance lourde, née avant le Covid 19. Qu’en sera-t-il après ?
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