Intervenant hier à Marrakech à l’occasion de la troisième édition de la Conférence internationale sur la mobilité durable, Anouar Benazzouz, directeur général d’Autoroutes du Maroc, a rappelé l’engagement du Royaume, sous la conduite éclairée de S.M. le Roi, à réduire de 42% à horizon 2030 les émissions de gaz à effet de serre ainsi que les initiatives marocaines en matière de durabilité, depuis la tenue de la COP 22 à Marrakech.
Le transport représente 30% de l’émission de gaz à effet de serre dans le monde et le transport terrestre représente à lui seul 93% de cette activité, les 7% restants étant partagés entre l’aérien, le maritime et le rail. C’est dire combien les questions de mobilité durable impactent le climat et l’environnement. C’est fort de ce constat qu’Autoroutes du Maroc (ADM) a organisé, mardi 26 novembre à Marrakech, la troisième édition de la Conférence internationale sur la mobilité durable, en partenariat avec la Fédération internationale des routes et l’Association européenne des concessionnaires d’autoroutes et d’ouvrages à péage. D’emblée, Anouar Benazzouz, directeur d’ADM, a rappelé l’engagement du Royaume, sous la conduite éclairée de S.M. le Roi, à réduire de 42% à l’horizon 2030 les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les initiatives marocaines en matière de durabilité, depuis la tenue de la COP 22 à Marrakech. Le directeur général d’ADM a rappelé les actions engagées par sa société dans ce domaine, notamment le programme ABC (Autoroutes à bas carbone) consistant en la plantation de plus de 3 millions d’arbres le long des voies, les techniques de compactage à sec pour les économies d’eau, les plantes pour la protection des talus ou la rénovation des 450 écoles (50.000 élèves) se trouvant de part et d’autre des autoroutes. De nombreux experts ont partagé leurs expériences sur la durabilité en matière de transport ainsi que sur les aspects liés à la sécurité routière. Ainsi, 1,3 million de personnes de par le monde décèdent chaque année sur les routes, victimes d’accidents. L’accent a ainsi été mis sur les nouveaux comportements des conducteurs, vecteurs de risques, difficilement détectables. C’est ainsi que la lecture des e-mails au volant, la rédaction de SMS et surtout la somnolence, nécessitent plus de sensibilisation que de sanctions. Selon Pierre Coppey, PDG de VINCI Autoroutes (leader français des autoroutes à péage), la vitesse et l’alcool au volant ne sont plus les seuls facteurs de risques (voir la vidéo de l’interview M. Coppey). Selon les statistiques de VINCI France, un accident sur trois dans les autoroutes est provoqué par la somnolence. Une expérience réalisée avec le concours d’un journaliste, consistant à lui faire faire un trajet de nuit sur 8 heures avec des capteurs installés sur son corps, a démontré qu’il a cumulé un sommeil de 17 minutes ! Alors que les médecins conseillent une pause toutes les 2 heures, le conducteur marocain n’effectuerait cette pause en moyenne qu’au bout de 3 h 16 (voir les résultats du sondage).
Sondage : Les conducteurs marocains et l’incivilité au volant
Le comportement du conducteur marocain est presque identique à celui du conducteur européen. C’est ce que révèle un sondage IPSOS réalisé pour la première fois au Maroc. Ainsi, 97% estiment qu’ils sont bons conducteurs : c’est la faute aux autres (idem en Europe). 66% des interrogés citent au moins un adjectif négatif pour qualifier la conduite des autres conducteurs (83% en Europe) et 88% ont déclaré avoir eu peur du comportement agressif d’un autre conducteur. En résumé, les conducteurs sont complaisants avec eux-mêmes, mais plus sévères avec les autres. Quant aux incivilités et comportements dangereux au volant, 50% déclarent avoir injurié un autre conducteur (56% en Europe), 20% disent avoir collé délibérément le véhicule d’un conducteur qui les énerve, 25% disent avoir conduit en oubliant d’attacher leur ceinture (21% en Europe) et 30% oublient de ralentir à l’approche d’une zone de travaux, contre 37% qui ne respectent pas les distances de sécurité.
Pour ce qui est des risques d’inattention au volant, 27% citent l’inattention parmi les principales causes d’accidents mortels sur les routes et 57% reconnaissent téléphoner en conduisant avec un kit mains libres ou Bluetooth (bien que les expériences ont démontré que l’attention et la concentration sur la route sont détournées pendant une conversation téléphonique). Plus grave, 35% utilisent leur téléphone tenu en mains et, le comble de l’imprudence, 18% envoient et/ou lisent des SMS ou des e-mails au volant (24% en Europe). Concernant la somnolence au volant, 39% admettent l’avoir ressentie sur autoroute. Quand on entre plus dans le détail, 28% ont eu l’impression de s’être assoupis durant quelques secondes au volant et 23% ont empiété sur la bande d’arrêt d’urgence ou sur le bas-côté à cause d’un moment d’inattention ou d’assoupissement. Enfin, 71% prennent la route de nuit. Pour le taux moyen de conduite avant la pause, il se situe à 3 h 16, contre 2 heures conseillées par les médecins.
Vive la sieste : 92% des conducteurs marocains, contre 58% des Européens, s’arrêtent au cours du trajet pour faire une sieste et 46% (contre 72% en Europe) changent de conducteur (en général le conjoint) en cours de trajet.
JAWAZ : une success-story
Jawaz, c’est ce sésame (pass de télépéage) qui permet de payer le péage sur autoroute sans avoir à s’arrêter au niveau des barrières et que l’on peut recharger à distance par carte bancaire ou dans les guichets d’ADM. De 60.000 en avril 2017, date à laquelle le système Jawaz a été généralisé à l’ensemble du réseau, le nombre de pass émis est passé à 200.000 à fin 2017, 400.000 à fin 2018 et à l’heure actuelle il compte 800.000 utilisateurs.
Le modèle économique d’ADM pérenne
Souvent évoqué, le modèle économique d’ADM laisse apparaître des risques d’insoutenabilité au regard du coût des infrastructures, en grande partie financées par la dette garantie par l’État et le revenu insuffisant des péages. M. Benazzouz, directeur général d’ADM, s’est montré rassurant. ADM a fait l’objet d’une restructuration financière qui a sécurisé et stabilisé l’existant. En revanche, les investissements futurs, appelés de leurs vœux par les autorités compétentes, feront l’objet de solutions intelligentes de concert entre toutes parties concernées, essentiellement le ministère de l’Équipement et le ministère des Finances. Quid des nouveaux projets ? Deux sont dans le pipe : le triplement de la voie de Mohammedia à Berrechid (60 km), d’un coût de 2 milliards de dirhams, à réaliser sur 3 ans, et la nouvelle autoroute Berrechid-Tit Mellil de 30 km, qui permettra aux automobilistes en transit de ne pas être obligés d’entrer à Casablanca pour en ressortir, ce qui contribue à l’impératif de mobilité durable. Les travaux de cette autoroute démarreront en 2020.
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