Le pratique politique au Maroc fait état d’une crise profonde, qui remonte au début des années 1960. Cette crise due essentiellement aux tendances monopolistiques des uns et aux tentatives successives de concilier l’inconciliable en politique des autres, qui usaient et abusaient de recours à des pratiques dépolitisées dans la gestion du l’independance, qui manque d’ores et déjà d’une véritable légitimité populaire et de démocratie interne. Parmi les syndromes de cette crise de légitimité, on peut citer les faits politiques de désignation des secrétaires à l’unanimité, l’encouragement des voix dissidentes au sein des formations non grata, l’orientation de vote des « militants » lors des congrès vers des successeurs sans historique militant au sein du parti (PI, UC, PAM,MP, etc.) et l’instrumentalisation du code régissant les partis politiques pour faire barrage à la création de plusieurs formations porteuses de projets alternatifs, etc.).
Par ailleurs, les échéances post 2011 ont remis à nu cette crise structurelle du politique au Maroc, une crise qui semble avoir besoin d’un autre mandat de cinq ans pour être ressentie par la première force de « l’échiquier de la crise », assommée semble-t-elle par l’offrande de « gouverner » l’ingouvernable conjoncture des révoltes en 2011. Cette formation n’a pas pu dégager les règles du jeu politique que tardivement. Elle a oublié que commander aux gens selon les mêmes règles va inévitablement déboucher sur une sévère sanction de redoutable urne marocaine. Ainsi, la crédibilité du score électoral réalisé par cette formation controversée, du fait qu’elle rassemble trois teneurs à la fois : religieuse, politique et associative caritative, reste discutable. Ainsi, le verdict des urnes va tomber après une décennie du gouvernement islamiste PJD, et l’ancienne formation de domination à la chambre basse (120 sièges en 2011) aura du mal à arriver au seuil requis pour former un groupe parlementaire, elle n’aura désormais que 13 sièges. Paradoxalement, l’ennemi juré du Pjd, le fameux quotient électoral lui a servi de circonstance atténuante du verdict des urnes sinon ce score de 13 sièges serait bien moins.
2021 : Imazighens…Et si le changement réside dans la mobilisation bleue ?
Compte tenu du contexte post 2011, marqué notamment par un cadre constitutionnel avancé, une crise de confiance chronique entre le citoyen/citoyenne d’un côté, les corps de médiation, les institutions et les élites gouvernementales de l’autre, l’acteur politique amazigh n’a pas cesser de plaider pour une rupture avec cette « obstruction injustifiable » au progrès démocratique et institutionnel promu par la loi suprême du 1er Juillet 2011.En effet, la faiblesse de notre champ politique, a si fait mal à notre gouvernance publique et à notre construction démocratique dans le monde et en Méditerranée en particulier.
Partant des principes de Démocratie, la Justice, la rationalité, la Transparence, la Territorialisation du politique et la libre concurrence politique entre de vrais programmes et projets de société, ce discours demeure l’un des rares discours politiques nationalistes (made in Morocco), qui a fondé son regard politique sur un diagnostic exhaustif et profond de toutes les problématiques sociétales du Maroc post indépendance. Ce discours accorde une importance particulière à la sensibilisation de la citoyenne/citoyen à la participation politique, si cette dernière se fixe comme objectif, la réponse à l’impérieuse nécessité de doter le pays d’une conscience politique démocratique avant toute aspiration à la mobilisation des sujets autour d’un projet de société quelconque. Outre, la diffusion d’une culture politique n’est atteignable sans la prise en compte d’un certain nombre de préalables à la démocratie représentative et partisane, notamment :
*- l’impératif de décomposer et recomposer le champ politique conformément au principe de la rationalité évoqué.
*- Garantir la saine concurrence politique : la contractualisation politique programmatique se doit d’investir le discours politique autour du Maroc et respecter la non contingence des constantes connues et reconnues par le contrat social de 2001 (dissoudre toute formation qui use de commun religieux des marocains et qui reste selon la loi suprême du 1er Juillet 2011, la prérogative exclusive de la commanderie des croyants,…);
*-Insister sur l’ancrage territorial de l’institution politique : la bonne mise en œuvre du chantier de la régionalisation avancée énoncée par la nouvelle constitution et le nouveau modèle du développement reste tributaire de l’exigence sensu stricto de la présence territoriale des formations politiques au niveau régional et local, dans au moins les deux tiers des douze régions du Royaume, avec une obligation de présence au niveau des trois blocs territoriaux le Nord, le Milieu et le Sud du royaume. En effet, une telle organisation partisane verticale du l’échiquier permettra à terme de rationaliser notre champ politique agonisant, de rendre le nombre de partis révélateur des vrais clivages existants au sein de la société marocaine, dans un ultime objectif de responsabiliser les mandataires.
*- Le pluralisme : la philosophie pluraliste du Mouvement Amazigh trouve son prolongement dans le champ politique précolonial, ce pluralisme entend la même chose que la tolérance sous toutes ses formes et expressions ; politique, idéologique, médiatique, identitaire, culturelle et religieuse ;
*-Asseoir des mécanismes de démocratie interne : tout corps politique constitué de médiation doit, pour être éligible à la compétition politique, répondre aux exigences de la régularité des élections internes et d’alternance au sein des instances dirigeantes.
C’est autour du ce SMIG démocratique, que le mouvement amazigh – ou son courant pragmatique porteur de la voix institutionnaliste du changement « Inside system » pour être plus précis- invite le programmes gouvernemental du chef du gouvernement mandaté A. Akhnouch à se rassembler, pour opérer le changement escompté par les mandants amazighs (électeurs).L’engagement gouvernemental à l’égard de ces questions ( Consacrer le caractères officiel de Tamazight, le développement du monde rural, l’atténuation des disparités régionales, assurer le droit à la culture, désenclaver les zones montagneuses, lutter contre la précarité en milieu rural, assurer l’accès aux soins pour le Maroc profond, garantir le droit des pauvres amazighs à la fonctions publique -non sociale-, renforcer le dialogue et la concertation avec les partenaires socioprofessionnels dans tous les domaines, lutter contre la corruption et les réseaux d’intérêts dans la fonction publique, etc.) demeure la seule issue vers un idéal démocratique marocain, où l’exécutif d’Akhnouch pourra jouir de la légitimité populaire et politique requises pour assumer pleinement sa responsabilité gouvernementale sans le moindre désenchantement ni contestation populaire. En attendant, l’histoire politique marocaine contemporaine retiendra que les élections de 2021 étaient jusque-là les seules échéances, qui ont pu mobiliser Moha et ses semblables de Mouvement Amazigh. Une telle mobilisation ne peut être politiquement compréhensible sans invoquer la personnalité politique de Aziz Akhnouch et ses promesses de campagne pro-Amazighité. Ceci étant dit, l’éloignement de l’ancien « establishment » du parti de la colombe, qui a occupé le devant de la gestion du RNI durant ces 10 dernières années au moins, et qui a rendu le parti RNI au rang des micro-partis n’ont aucune légitimité managériale ni politique ni rationnelle à persister dans le cercle restreint du commandement du parti, surtout que l’imaginaire des marocains gardent pour quelques-uns une mauvaise mémoire politique, façonnée notamment autour de l’incompétence ministérielle, le détournement et la fraude fiscale, choses qui n’honorent pas ni le plan actuel du parti d’Akhnouch ni les principes de « Timouzgha » de ces nouveaux partenaires politiques Imazighens ni l’esprit des orientations réformistes royales.
En définitive, force est de dire, qu’Imazighens étaient une des forces de frappe de la stratégie du RNI pendant les dernières élections. Les autres pistes de conquête du terrain politique, majoritairement vierge, était bel et bien une politique de communication singulière et innovatrice. Partant de ces deux donnes, l’engagement politique du RNI envers les porteurs de son succès et leurs préoccupations est plus qu’un engagement moral, politique et gouvernemental, c’est un gage de consolidation du leadership politique du parti du Aziz Akhnouch au-delà de 2026, sinon le syllogisme de l’histoire envers l’USFP et les Islamistes du PJD aura plus qu’une raison valable pour (re)statuer avec le même verdict politique la mandature d’Akhnouch et RNI.
Anouar MAZROUB / Chercheur en Géopolitique Et Directeur du Centre Assamr des Recherches et des Etudes Stratégiques-CARES-
*- Cet article est une mise à jour partielle d’un autre article publié le 07 mai 2017 sous le titre « imazighens et le SMIG démocratique revendiqué ».
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