A vrai dire: Les malheurs des bazaristes

Saoudi El Amalki

Les commerçants des produits de l’artisanat à vocation touristique dans le Souss, sentent la moutarde leur monter au nez. Bien avant la crise pandémique, ils subissent cruellement le « déclin » du tourisme, à l’instar aussi d’autres activités parallèles qui broient du pain noir. Aujourd’hui encore, leur crève-cœur est à son paroxysme, depuis qu’ils ne parviennent plus à joindre les deux bouts, à la damnation d’une large couche vouée au naufrage astreignant.

Elle est bien révolue, la belle époque où le secteur de l’industrie du tourisme prospérait à la station balnéaire, joliment égayée par les étalages chatoyants des bazaristes sur les artères de la ville. Exhibant la maroquinerie, la tapisserie, l’orfévrerie ou la céramique et l’ébénisterie en thuya, ils tenaient un échange convivial dans la langue des contingents des scandinaves ou des germaniques, avides de ce produit aux couleurs diaprées de nombre de régions du royaume. A présent, des rescapés qui vivotent encore et s’acharnent à ne pas fermer boutique, « chassent les mouches » de la nostalgie et de l’oisiveté déchirante.

Tout en buvant le calice jusqu’à la lie, ces laissés-pour-compte n’ont de cesse de dépoussiérer, à longueur de journée ces petites merveilles, à l’attente des visiteurs qui désertent ces lieux, ainsi que l’hôtel et le restaurant, depuis déjà des lustres. Par le biais de leur association professionnelle, ils tentent de redorer le blason de leur métier en chute libre et de protester contre ce qu’ils appellent une atteinte à leurs droits légitimes.

Parmi les problèmes dont cette profession souffre, on relèvera un certain nombre de tares qui handicapent leurs activités dont notamment, les dettes qui continuent à les étouffer à cause des contraintes auxquels ils font face, au point d’être obligés de mettre les clés sous le paillasson.

Il faut dire également que, depuis l’avènement de la formule « All Inclusive », adoptée par certains hôteliers qui se paient le luxe de placer des vendeurs au sein de leurs batisses, les bazaristes trouvent toutes les peines du monde à subsister… Devant ces entraves et bien d’autres, les commerçants de l’artisanat ont frappé à toutes les portes. Leur situation devient de plus en plus critique et alarmante.

La plupart sont au bord de la faillite, d’autant plus que la majorité est responsable d’une famille de plus de cinq membres. Il est à signaler que la plupart ont jeté l’éponge, car ils ne reçoivent plus de clients depuis déjà très longtemps. Il va sans aussi que l’artisanat est une composante incontournable du secteur touristique dans la première station balnéaire du royaume et il est impératif de lui attacher toute l’importance nécessaire pour un essor touristique global et pérenne. On ne peut donc concevoir un véritable décollage du tourisme sans la promotion du volet de l’artisanat.

Toutes les institutions administratives et électives aussi bien au niveau du législatif qu’exécutif, sont alors appelées à se pencher sérieusement sur ce dossier épineux qui mérite tout l’intérêt et l’appui nécessaire pour préserver ce secteur et protéger des milliers de familles qui ne vivent que par cette activité moribonde.


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