A vrai dire : Le mouvement syndical en dépérissement

Saoudi El Amalki

Il était un temps où le mouvement syndical dans le royaume se dressait en réel croquemitaine au régime, notamment aux périodes des grèves sectorielles et générales.

Quoiqu’une bonne partie ait été devenues des courroies de transmission des partis respectifs, au côté de la centrale-mère, on s’accorde à dire que ces protecteurs de la classe ouvrière se sont combattus tant bien que mal, durant des décennies pour la préservation des droits, en plus de leur lutte politique, sous l’aile des entités partisanes correspondantes. Tantôt à froid, tantôt en bons termes, les liens mutuels ne sont jamais parvenus à renverser la vapeur en faveur des revendications légitimes des travailleurs, face à l’offensive patronale et ses « parrains ».

Aujourd’hui, avec l’escalade en puissance des « libéraux » aux commandes, en parfaite connivence avec les trois centrales, à forte influence, il semble bien que l’action du combat prolétaire s’en soit trouvée soumise et soudoyée. Certes, on est loin de l’ère du syndicalisme marocain de notoriété, tel que relaté par Albert Ayache, fervent syndicaliste marocain de première heure, dans l’ouvrage : « Le mouvement syndical au Maroc », lors des premiers jalons de naissance du groupement ouvrier, en tant que force de défense contre l’exploitation et de libération du joug colonial.

Qu’en reste-t-il de cet héritage glorieux dont la résistance, de concert avec le mouvement national de l’épique post-indépendance, fait rêver toute aspiration à la vie prospère et digne? Malheureusement, pas grand-chose ! Le dernier clou planté dans son sarcophage n’est autre que le récent accord paraphé par l’exécutif, les syndicats et le patronat, à l’issue du « dialogue social », tenu par les signataires.

Il y a bien lieu de se demander quelle seraient les utilités de négociations entre la troïka et ses syndicats, sachant qu’ils évoluent sous le même toit libéral, en bifurcation permanente avec les intérêts des couches laborieuses. Dans ce sens, les centrales syndicales ne se sont même pas données la peine de présenter des suggestions afférentes au projet de loi, 19.24 relatif aux organisations syndicales, leur nature, gouvernance et démocratie interne…

Au moment où ils se sont abstenus de sortir dans la rue pour le traditionnel 1er mai, afin de brandir haut et fort les doléances de la classe ouvrière, ils se précipitent à signer un accord vétille, faribole et sans nul apport aux réelles doléances des souches déshéritées. En fait, on voit mal comment ses syndicats peuvent tirer quoi que ce soit de leur boss au sein desquels ils « grignotent » des miettes de leurs intérêts mutuels! Peut-on toujours espérer de l’action syndicale à l’adresse des attentes de la classe laborieuse ?

A voir les conditions désolantes qui s’opèrent dans le monde du travail où le rapport de force est en faveur du patronat et son ange gardien, on déplore d’avancer que la médiation syndicale à l’instar de son homologue partisane, pour la plupart, ne pipe guère mot devant la flambée des tarifs de matières d’alimentation et de produits d’hydrocarbure. C’est donc un syndicat creux et complaisant qui est en passe de proliférer aussi bien aux administrations qu’aux unités de production, générant un déficit syndical criard.

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