A vrai dire : Le mal de maire

Saoudi El Amalki

Dans un pays, en phase de gestation, comme le nôtre, il semble bien que la pratique démocratique locale soit inéluctable, dans la mesure où elle constitue le thermomètre de la mise à niveau des citoyens et, en conséquence l’essor de la commune territoriale. En fait, au-delà de des règles qui régissent les rapports entre les constituantes de la collectivité, en tant qu’unité nodale de fonctionnement, on aura relevé que la charte communale détermine également les attitudes et les attributions des élus, en particulier le président, noyau focal du système représentatif, fondé par excellence, sur la présidentialité.

Or, il y a lieu de noter qu’entre la législation en continuel rehaussement avancé dans le processus démocratique de la nation, faut-il bien le reconnaître, et la conduite quotidienne de toutes ces dispositions, le fossé est criard. En effet, nombre de maires du royaume sont toujours en deçà des attentes des populations, aussi bien dans le milieu rural que l’espace urbain. Très souvent et sans nul préjugé généralisé, certains présidents s’en vont, soit par incompétence ou par insouciance, vaquer à leurs tâches, en matière de gouvernance, alors que d’autres présidents s’en vont se servir de leur poste au lieu de servir les causes des citoyens.

Bien des pairs versent aussi dans d’autres manies louches. L’intérêt général pour tout ce beau monde érigé aux rênes de la gestion communale, s’en trouve relégué au second plan ! En dépit des acquis notoires que ne cesse de cumuler notre pays au niveau de l’Institution, confortée par la révision de la Loi suprême, cet édifice représentatif, dans sa globalité, est fortement affecté par les conduites incorrects de nombre de conseillers.

Les exemples criants de cette déchéance se manifestent, un peu partout dans le territoire national. Certains maires « montent » leur tête et se considèrent bien au dessus de la loi, mus par un certain narcissisme béat.

D’autres, mièvres et soudoyés, sont littéralement émoussés par la mainmise de la tutelle et, de ce fait, dépassés par le cours des événements locaux.

Alors qu’une autre frange ne se soucie guère de ce qui s’opère autour d’elle et fait usage de la commune pour étoffer son registre social ou encore son image « politique » terne.

Enfin, une quasi majorité est loin de mesurer les grands enjeux cruciaux que traverse notre pays, en tant que nation émergente dont la démocratie est encore balbutiante.

Dans bien des cas, le bateau de la collectivité territoriale chavire par la démission de son équipage.

En fait, le maire du mal, pour la plupart, est souvent abattu par le mal de mer ! Sous l’effet de cette dérive, il est quasiment improbable de parvenir jamais à bon port.

On aura beau procéder par mesures coercitives envers les contrevenants, à travers les instances de contrôle de l’Etat, le déficit communal continue à sévir tant que les formations partisanes n’ont pas eu de cesse de placer des candidats médiocres et inciviques dans leurs listes et tant que l’Etat, par le biais de certains de ses agents, tend à s’ériger en réel faussaire de l’action électorale et en fossoyeur du processus démocratique de notre pays !


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