A vrai dire : Le droit à la joie

Saoudi El Amalki

Saoudi Al amalki
Saoudi Al amalki

Les Lions de l’Atlas ont enfin validé leur ticket en direction de la grand-messe du Qatar. Il a fallu aller puiser la qualification du fond des tripes de nos acteurs qu’on a qualifiés, à juste titre, de vaillants guerriers. Ils ont combattu à mort, pas seulement pour leur propre orgueil, mais, ils l’ont fait surtout pour ce peuple qu’ils n’osent pas fuir des yeux ni décevoir, au sortir du champ de jeu. La vague de braves garçons, nouvellement jetés dans le bain, tels Ounahi, Amellah, Aguerd ou Tissoudali…, ont brillé de mille feux pour répandre le bonheur parmi les flots humains déferlés en fanfare. Ils ont sué, et trimé dans la pression et la peine, au point de se faire poser des points de suture sur son arcade sourcilière, cas de Bounou, se tordre la rotule, cas de El Yamek, pour arracher ce beau triomphe qui réchauffe les cœurs et libère les euphories.

Ce peuple-là, particulièrement des patelins en souffrance, sort de coutume, dans la rue afin de vomir sa colère, le fait en cette soirée-là de gloire pour faire exploser sa joie, enfouie dans l’amertume. A l’instar de tous ses pairs de la planète, nantis comme démunis, le peuple marocain a jalonné les artères des métropoles et ratissé les rocailles des douars pour crier, haut et fort, son allégresse.

Qu’y a-t-il de si mal dans toutes ces jubilations qui débordent même dans l’hystérie? De quel droit s’acharne-t-on à vouloir lier cette liesse passagère aux misères quotidiennes du petit peuple ? On ne comprendra jamais pourquoi certains malins trouvent du plaisir à gâcher ce défoulement festif, en maugréant la fête des masses…De grâce, ajournez vos alertes à plus tard et laissez le peuple exprimer ses «folies», au lieu de pénaliser son exultation spontanée. Ne lui confisquez pas son droit à la joie, ne serait-ce qu’une seule soirée!

Ce ne serait pas parce qu’on est pauvre et désœuvré qu’on n’a pas le droit d’être joyeux pour une prouesse acquise dans la douleur ! Certains renégats sont allés jusqu’à maudire la fête et médire les festoyants qui ne font, en fait, que «dissimuler» les vrais problèmes du peuple ! Une duperie qui fait pitié…Le peuple marocain est sorti fêter ses héros, de plein gré, sans que personne ne l’y oblige, par fierté et patriotisme. Ce sont bien ces joies qui font forger les sentiments de l’appartenance, en dépit des contraintes du vécu quotidien. Tout esprit sain et civique ne peut alors que garder le droit à la joie et valoriser l’effet bienfaisant qui peut en découler, loin de toute grincherie démobilisatrice !


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