A vrai dire La raison espagnole

Saoudi El Amalki

Par le son de cloche de la plus haute marche pyramidale de son institution, le Royaume de la péninsule ibérique vient de sonner le glas aux détracteurs de notre intégrité territoriale. Tout en marquant la fin d’un mythe, l’Espagne met du même coup, un terme à l’ambivalence du discours qui a taraudé sa position, mais également l’ambiguïté de son acte de naguère. Cette équivoque aura terni durant des lustres, les rapports bilatéraux entre les deux voisins dont la proximité aurait dû servir à davantage d’entente et de cohérence, par leur statut de plaque tournante, de part et d’autre de leurs continents respectifs. Il est bien clair que cet énorme volte-face espagnol serait survenu, si toutefois il revêt une étendue irréversible, de nature à ragaillardir les rapports d’amitié et de coopération des deux pays frontaliers de la Méditerranée. Il n’en est pas moins vrai que la réaction de l’ancien chef de gouvernement socialiste, José Luis Zapatero, selon laquelle la position espagnole adoptait l’autonomie sur les provinces récupérées, sous la souveraineté marocaine, depuis déjà 2008. Il n’en serait pas donc question de s’en étonner pour autant, se serait-il fait rappeler, non sans réjouissance, tout en affirmant que la présente réitération de son successeur ne fait que confirmer cette position inébranlable. Cependant, on ne peut passer sous silence dans un souci de clarté, la dualité suspecte dont a fait montre l’Exécutif d’outre-mer à l’égard de la cause nationale de notre pays. Ce clair-obscur avait alors généré une tension envenimée au point de geler les échanges à plus d’un registre et, de ce fait, d’hypothéquer l’édification de l’échafaudage de longue haleine des deux nations séculaires. Aujourd’hui, l’Espagne s’en rend compte et se remet à l’évidence de la justesse et de l’équité de la thèse marocaine. « Nous inaugurons une nouvelle phase de relations avec le royaume, fondée sur le respect mutuel, l’aboutissement des accords, le non recours aux démarches unilatérales, la transparence et la communion pérenne tout en vivifiant cette nouvelle étape à travers une feuille de route ambitieuse et transparente en vue de maintenir la stabilité, la souveraineté, l’unité spatiale et l’essor de nos pays… », précisait Pedro Sanchez, chef de l’Exécutif espagnol, dans une lettre de « réconciliation ». Devrait-on s’en réjouir ou, à contrario, temporiser pour s’en assurer, au fil du temps, car ce revirement semble tellement trop beau pour paraître bien vrai, serait-on plutôt tenté de s’en douter ? En effet, malgré la solennité et la fermeté des propos du décideur espagnol, il appartient au camp récepteur de renouer avec de l’optimisme certes, mais aussi avec de la vigilance requise, puisque l’aspect inopiné de cette sortie subite suscite des « soupçons » sur la temporalité et la véracité de cette main tendue, en réponse à celle du Souverain mise en avant, lors du dernier discours Royal de la marche verte. Sans verser dans un jugement exagérément entaché de méfiance, il faudrait dire que la confiance espagnole, empreinte de ressaisissement mettra sans doute, du punch dans les relations bilatérales et, partant, au sein de l’Union Européenne, fustigera encore davantage un coup cuisant à la junte algéroise et son pantin séparatiste. La réponse prompte et accueillante de la diplomatie marocaine ne se fait guère attendre, à la suite de ce passage solennel de la neutralité négative de l’Espagne à ce nouvel élan de reconnaissance à l’égard de notre intégrité territoriale sacrée.


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