A vrai dire: La paix sociale menacée
Saoudi El Amalki
Est-il encore concevable que le prix à la pompe oscille les 15 Dh/L et 16Dh/L, alors que celui du baril brut dégringole en dessous de 90 dollars ? Cette controverse ahurissante n’existe que dans notre pays, quoiqu’on ait procédé à des baisses quasi-insignifiantes, en ces moments de longs et onéreux voyages en famille vers les destinations préférées. Il semble que la campagne lancée sur les réseaux sociaux qui ont réclamé la révision à la baisse des carburants à respectivement 7DH/L et 8DH/L, aient fait objet de sourde oreille de la part du gouvernement dont le chef et ses alliés de la distribution des hydrocarbures se frottent toujours les mains par cette flambée saugrenue. Comment faire gober aux usagers des véhicules la persistance de maintenir des tarifs à ces seuils exorbitants, alors que les coûts à l’international s’écroulent de plein fouet ? Il y a certainement anguille sous roche, devant cet illogisme inique qu’entretient l’unique Exécutif au monde, sous prétexte que la crise pétrolière est universelle et que le conflit russo-ukrainien se répercute sur la conjoncture interne du royaume. Une aberration brandie de toutes pièces, si l’on sait que nombre d’entités se sont parvenues à se désembourber des enlisements pétroliers, par le truchement de mesures allant de l’abrogation fiscale au profit des consommateurs de carburant à l’imposition de rétrécissement de marges de bénéfice auprès des distributeurs. A contrario de ces démarches imaginées en faveur de populations frappées par la hausse des prix à la pompe, notre pays se fait sévir par les supplices quotidiens de cette écrue monstrueuse qui passe pratiquement au double de ce qui était convenu auparavant. Pendant que de larges franges de citoyens endurent le calvaire de la cherté de la vie, au niveau des produits et aliments de première nécessité depuis déjà belle lurette, aggravée par la montée supersonique des prix d’essence et de gasoil, le gouvernement paraît carrément enseveli dans la mare de l’inertie, sans pouvoir réagir à leurs doléances pressantes ni à celles des forces vives tant à l’hémicycle qu’à la rue. Il n’est pas du tout à exclure alors une révolte massive, crucifiant fortement cette nonchalance voire cette impuissance face à la situation asphyxiante de la société mise à mal de toutes parts. Ainsi, de par cette attitude morbide de l’Exécutif, il n’est pas non plus écarté que le pays perde l’un de ces fondements majeurs depuis des siècles, qui ne sont autres que la stabilité et la paix sociales, lourdement outrées par une primature mortifère, ballotée par la tare du conflit d’intérêt et entravée par l’avatar de ses limites en témérité politique !
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