A vrai dire: inégalités régionales
Saoudi El Amalki
Le fait que notre pays opte pour une gestion régionale avancée, constitue une approche judicieuse, dans le souci de décentraliser les pouvoirs et déconcentrer le territoire national.
Un choix encore dans son état embryonnaire, mais, au fur et à mesure, la germination prend forme, avec la maturité progressive.
Les assises nationales sur la régionalisation que notre pays avait tenues à Agadir, en février 2020, en étaient un bel essai de faire le point sur l’état d’avancement de cette démarche, fondée sur la délégation des pouvoirs centraux aux acteurs aussi bien institutionnels que représentatifs des régions. Une opportunité également pour mesurer le degré d’assimilation et d’application du nouveau concept de gouvernance digne des nations engagées dans le processus démocratique.
On conviendra que les douze régions du Maroc, telles qu’elles sont conçues et délimitées aujourd’hui, renferment des dysfonctionnements, des déficits et des déséquilibres socioéconomiques qui ralentissent leur évolution.
Dans bien des zones, le déphasage est criard à plus d’un titre, car justement, les donnes sont divergentes et sont censées se compléter et s’harmoniser par le biais de ce concept de régionalisation avancée.
Il est bien évident que les découpages entrepris, il y a plus d’une décennie, répondaient à des exigences qui ne sont pas forcément les mêmes qui prévalent à présent, à l’aune des mutations profondes survenues dans les champs politiques et géostratégiques du pays.
Il s’avère aussi bien clair que l’expérience régionale cumulée, quoique minimale, fœtale et balbutiante, a permis présentement le passage fluide et serein à une phase régionale prônée sous l’impulsion effective du souverain et adoptée à bras le corps par les constituantes de la société marocaine.
Certes, cette transition notoire est maintenant dictée beaucoup plus par les développements actuels de la question de l’intégrité territoriale, au vu de l’autonomie appréciée dans la scène internationale, que par une simple volonté de mise en place d’une régionalisation accélérée.
Toutefois, on s’accordera à dire que nombre d’indicateurs aussi plausibles qu’incitateurs soutiennent fortement cette démarche qui ne fait, en définitive, que consolider les acquis considérés comme une plate-forme pour des réalisations encore plus appropriées.
D’autant plus que les concepts de décentralisation et déconcentration ne sont pas, jusqu’ici, matérialisés dans les faits, comme ont toujours prétendu les pouvoirs centraux.
En dépit des slogans et des textes, si peu généreux soient-ils, Rabat s’accapare presque toutes les autorités, en termes procédurier, pécuniaire et décisionnel, de par la fameuse tutelle accaparante.
La nouvelle conception régionalisante, sans vouloir être ni régionaliste ni rébarbative, tentera d’abord de fédérer les éparpillements, repenser les cohérences et activer les émulations.
Il est, en effet, impensable qu’une région comme Souss Massa qui s’érige en pôle économique de premier ordre et s’en trouve, bizarrement, au bas de l’échelle de la pauvreté et de la précarité.
Aussi bien les pêches maritimes, l’agriculture que le tourisme qui forment les assises fondamentales de l’économie nationale, la région Sous Massa n’en profite guère en termes de revenus aux populations aux aménagements du territoire, bien qu’elle occupe une place au soleil dans cette triplette économique.
Il y a donc une défaillance flagrante au niveau de la répartition des richesses que seule une régionalisation saine et juste pourrait rectifier, dans l’équité et le mérite.
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