A l’ère du coronavirus, le business des fleurs ne fait plus recette

AZULPRESS -Par : Bassma Rayadi- //

Rabat – Au moment où le monde vit au rythme des strictes restrictions sanitaires, de fermeture et d’état d’urgence, se procurer un pot ou un bouquet de fleurs splendides pour apaiser un peu les effets d’une crise sanitaire sans précédent, semble être loin des priorités de la majorité des Marocains.

Ayant une propriété de traduction des émotions ressenties par l’Homme en raison de leur variété de couleurs, d’odeurs et de formes, les fleurs sont tombées aux oubliettes au temps du covid-19, où l’organisation des événements et des fêtes ornés de fleurs est “strictement interdite”.

L’industrie florale tourne au ralenti, tel est le constat d’un vendeur de fleurs au “Marché Nouar”, marché des fleurs mythique de Rabat, où les marchands se retrouvent face à une forteresse de senteurs et de couleurs qui peinent à attirer l’attention d’une clientèle peu incitée à accomplir un achat dit “secondaire” dans ces circonstances.

Selon un vendeur à la Place Moulay El Hassan, la vente des fleurs était toujours occasionnée par l’approche des événements symboliques, tels “le 8 mars” ou la “Saint-Valentin”, ce qui fait que presque toute l’année relève de la basse saison. Le coronavirus a encore aggravé cette situation, a-t-il déploré.

Contemplant ses fleurs qui fanent sans trouver acquéreur, le vendeur affirme d’un ton morose que l’impact du coronavirus sur leur business a été très lourd, et que le charme et la fraîcheur de ces jolies plantes ne séduisent plus personne.

Par ailleurs, El Mahdi Mamouni, responsable d’une exploitation agricole, indique que la filière de la floriculture est très limitée au Maroc, ajoutant que les principaux problèmes de ce secteur sont généralement dus à une faible demande du marché locale, vu que la “culture des fleurs” est peu répandue dans la société, en plus des conditions climatiques défavorables pour cette activité, ce qui augmente le coût par rapport aux autres pays producteurs.

Il a également fait savoir que les investisseurs agricoles ne sont pas encore très convaincus d’investir et de prendre des risques dans ce domaine surtout avec les conditions difficiles de stockage, de transport et de conditionnement des fleurs qui sont un peu compliquées et demandent beaucoup de soin et d’attention.

La crise du coronavirus n’a pas épargné ce secteur bien évidemment, étant donné que les principaux clients de ce secteur au niveau national, les organisateurs d’événementiel et de fêtes sont actuellement en arrêt d’activité, outre une restriction complète des exportations au niveau international, a-t-il noté.

Selon des chiffres du ministère de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, la superficie des cultures florales n’a cessé de régresser depuis 1995 pour passer de 370 hectares (Ha) durant la campagne agricole 1994/1995 à 156 hectares au cours de la campagne agricole 2003/04.

Cette régression a porté sur les cultures sous abri serres dont la superficie est passée de 208 Ha à 113 Ha pour la même période, précise la même source, notant que ce recul des superficies florales a concerné particulièrement les régions du Souss-Massa (de 148 hectares en 1995 à 0 hectares depuis 2017) et de Marrakech-Safi (de 78 Ha en 1995 à 14 Ha en 2019).

Le ministère attribue cette chute libre de l’activité à des facteurs “d’ordre technique, logistique, organisationnel et commercial qui se traduisent notamment par une baisse de la rentabilité économique de cette activité”.

En tout, la production totale de fleurs coupées, représentée principalement par les œillets (41%) et les roses (35%), a atteint 105 millions de tiges, soit l’équivalent de 3.494 tonnes.

S’agissant des exportations, les données les plus récentes du ministère de l’Agriculture indiquent que “les exportations de fleurs, boutons de fleurs, lilas frais, mousses et lichens sèches et racines vivantes, destinées principalement au marché du Royaume-Uni (38%), ont atteint en 2018 quelque 3.400 tonnes en 2018 (dont 47% des œillets) pour une valeur de 80 millions de dirhams”.

La floriculture semble devenir une filière abandonnée où les producteurs se battent pour leur survie dans un secteur d’activité épineux, devenu moins en moins générateur de recettes, notamment suite aux répercussions de la crise sanitaire ayant lourdement impactée l’économie mondiale.

SOURCE  LA  MAP

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