(IDIR : Hamid est mort, Idir est vivant (Hommage
Le décès de l’artiste Idir a fait exploser des émotions dans le monde. L’amour qu’il a toujours exprimé aux gens lui retourne aujourd’hui, avec beaucoup d’amertume. De son vrai prénom Hamid et de son nom artistique Idir, il a réussi à devenir l’ambassadeur de la chanson amazighe dans le monde. Ses mélodies inspirées des chants locaux kabyles, au fin fond des montagnes de Djurdjura résonnent pour toujours dans les quatre coins du monde et de ce fait nous rappellent que c’est Hamid qui a décédé et non Idir, selon l’expression de l’une des ses fanes.
Idir résume tout ce qui est beau dans la culture amazighe. Par sa timidité, sa gentillesse, sa sagesse, sa générosité, il a réussi à habiter les cœurs et dépasser le statut d’artiste pour devenir membre de toutes les familles, selon l’expression de Pierre Bourdieu. Pendant les deux occasions où j’ai eu l’honneur de le rencontrer de près il dégage par sa simplicité et son sourire beaucoup d’humanisme qu’il exprime via son amazighité. Pour Idir, « amazighité » et « humanisme » sont les deux faces de la même médaille. Il a réussi à faire sortir les chants et contes des grands-mères de leur sphère locale et les a partagé avec le monde. Sa célèbre chanson vava inu va, écrite par le parolier Ben Mohamed, est traduite dans 15 langues. De même pour assendu ou zwit rwit dont les mélodies font danser tous les peuples, indépendamment de leur langue, couleur ou religion, dépassant ainsi toutes sortes de frontières, réelles ou imaginées. Idir, convaincu que la musique est une langue mondiale, a bien compris le sens culturel que devrait avoir «la mondialisation », à savoir faire connaitre les cultures locales au monde, en s’ouvrant sur ce monde, dans un échange constructif, et non pas les détruire au nom d’un nationalisme anti-diversité ou d’une modernité perfide. Repose en paix Idir. Ton passage dans ce monde n’était pas inutile.